Montcalm présenta au gouverneur trois mémoires sur la défense des trois points principaux par où le Canada pouvait être attaqué : le lac Ontario, le lac Champlain et Québec. Ses vues s'accordèrent en somme avec celles de Vaudreuil et avec les mesures que celui-ci venait de prendre. Leurs relations parurent moins tendues, et les amis de l'union et de la concorde curent quelque espoir d'un rapprochement. Le premier à s'en réjouir, le chevalier de Lévis mandait au prince de Beauvau : « M. de Montcalm a demandé son rappel au mois de juillet par un mécontentement avec M. de Vaudreuil; depuis ce temps ils sont de meilleure intelligence, et il a demandé à rester... Quant à moi, j'ai trouvé le moyen de bien vivre avec tout le monde. »
Le succès de nos armes, sur un ennemi incomparablement plus fort en ressources de tout genre, durait depuis cinq ans. Quelques poignées d'hommes avaient défendu, presque toujours victorieusement, les frontières canadiennes contre des voisins quinze fois plus nombreux. L'ère des revers, commencée avec la prise de Louisbourg, se continua bientôt par la destruction des forts Frontenac et Duquesne, défendus par de trop faibles garnisons.
Le fort de Frontenac était sous le commandement de M. de Noyan, gentilhomme de Normandie, âgé et infirme, mais conservant dans sa vieillesse toute son énergie et sa liberté d'esprit, capable de faire honneur à un poste qu'on lui donnerait à défendre avec des forces suffisantes.