Le poète déambule sous nos yeux ignorants, et son filtre est salutaire. Une vision déchirante d'une société au goût de bitume, et aux mots délavés, incapable de sentir le noyau des hommes et des femmes qui s'arrachent au quotidien glauque. Ces hommes et ces femmes redevenus, sinon beaux, du moins vivants, présents au monde, instables, laids et dangereux à celui qui cherche le lisse.
"tout le monde croit jouer alors que tout le monde a depuis longtemps déjà perdu
et puisque dans cette vie tout se finit par des questions la mienne est la suivante
peut-elle être vraiment belle la beauté qui n'est pas menaçante"
Qu'il est difficile de rendre à
Heptanes Fraxion tout ce qu'il vous offre ! Qu'il est difficile de vous décrire cette étrange sensation de rencontrer un artiste à fleur de peau, un acteur du monde qui regarde, et qui vous scrute avec le regard perçant de celui qui ne prendra pas de gants pour cracher un désespoir amoureux, qui sait qu'un mot cru se croque jusqu'au jus pour en extraire l'amertume.
Oubliez les poètes à fleurs, ou sélectionnez celles du mal, oubliez le romantisme de miel, entrez dans la cage d'un poète du spleen, dans la famille des maudits du 19ème siècle. Pour ma part, "Ni chagrin d'amour, ni combat de reptiles" confirme, par son titre que je ne me lasse de balayer, et par ses textes que j'ai savouré et que je reprends avec délice, un beau nom de la poésie française.