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Citations sur Les Jardins statuaires (72)

Je vis de grands champs d'hiver couvert d'oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l'infini d'indéchiffrables sillons.
Ce fut la nuit.

J'étais entré dans la province des jardins statuaires.
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Le tas de terre glissait lentement du centre vers la périphérie ; la statue peu à peu surgissait. Il s'agissait cette fois d'une Vénus pudique toute blanche, dont les mains apeurées ne cachaient guère les charmes. Elle était gigantesque. La terre, qui l'avait épousée si étroitement, la quittait comme à regret, et il en restait des paquets nichés en chaque repli du corps. Les orbites, les épaules, les aisselles en étaient garnies, comme des marques irrévérencieuses d'un grand âge négligent.
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Il y eut ce silence mûri par les proximités fortes avant que j'entendisse son rire en vol d'alouette matutinale. L'air qui trainait par la cellule était imprécis quand nos yeux s'ouvrirent. S'appuyant sur un coude, elle vint se pencher au-dessus de moi ; elle souriait.
- D'où viens-tu étranger ?
- Du plus lointain ; de toi. Et je tendis la main vers le ciel de son visage ; la sienne berçait mon front.
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- Il est arrivé qu'en se polissant par-dessous, la pierre parvienne d'elle-même à si bien réduire tout ce qui pourrait la rattacher au sol qu'elle s'envole.
- Comment ? m'exclamai-je.
- C'est la vérité pure. La forme nuageuse atteint si bien la perfection qu'elle se confond en elle et que l'on voit soudain s'élever dans les courants ascendants de l'air chaud un nuage de pierre qui va rejoindre les vapeurs célestes.
- Et, ajouta mon guide, lorsque ces nuages parviennent à une certaine hauteur dans le ciel, le gel les fait éclater. Ils choient donc en fragments lumineux que le frottement de leur chute consume et réduit en poudre. Cette pluie très douce tombe, portée par le vent, sur d'autres domaines. Elle se mêle au terreau des plates-bandes comme un levain merveilleux. Les statues, cette saison-là, sont vaporeuses.
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A mes pieds s'étendait à perte de vue la houle fixe des brandes noires et impénétrables. Par-delà leur épaisse frange, il me semblait distinguer les cimes les plus hautes d'une forêt, qui se confondaient peut-être à mes yeux avec celles d'un domaine, au-delà de toute cette sauvagerie, isolé, perdu. Et tout cela, dans la lumière rousse du soir, tout clinquant de l'égouttement parcimonieux, de rameau à rameau, des dernières gouttes de pluie que retenait encore le rare feuillage. J'étais dans ces dispositions exceptionnelles où, faisant face à la paix du monde, on se sent le cœur prix aux couleurs de la joie.
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Ne t'est-il jamais arrivé de découvrir quelque chose de très beau, et, soudain, de souffrir très fort, et si vite que tu t'en aperçois à peine, parce que ce fragment de beauté que tu contemples, tu devrais le partager avec quelqu'un et qu'il n'y a que l'absence ?
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Je vis de grands champs d’hiver couverts d’oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l’infini d’indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit.
J’étais entré dans la province des jardins statuaires.
Il n’y a pas de ville ici, seulement des routes larges et austères, bordées de hauts murs que surplombent encore des frondaisons noires. Chaque communauté vit repliée sur elle-même dans sa demeure au cœur du domaine. Çà et là, au hasard semble-t-il, on aperçoit un toit sombre et pentu. De temps à autre on passe devant une porte qui est comme un accident de la muraille et demeure toujours close.
Les voyageurs sont rares. Il y a des routes, mais on n’y passe pas. Je ne parle pas des convoyeurs qui mènent leurs lourds chariots aux roues de bois plein. C’est une charge qui échoit aux jardiniers à tour de rôle. J’ai cru d’abord que le pays ne comptait guère que trois ou quatre hôtels, vétustes, délabrés, dont la silhouette massive devait surgir sur quelque carrefour abandonné. C’est dans l’un d’eux que je logeais et c’est d’après celui-ci que je jugeais des autres. Je n’y trouvais aucune commodité. La toilette se faisait dans la cour. Les lieux d’aisance n’étaient qu’un inqualifiable appentis. La chère était pauvre dans une salle vaste et sinistre. La chambre était malcommode, chichement éclairée, et, la nuit, j’y entendais des rats dont les ongles griffaient les dalles. Et pourtant j’y restais. C’est là que vint me prendre un matin celui que je désignerai désormais comme mon guide.

(Incipit)
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- Peut-être ignorez-vous, Monsieur, que dans notre pays on cultive les statues.
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Et ils approchèrent des brouettes dont ils m'invitèrent, après en avoir ôté les côtés, à user comme d'un banc. Or, à peine nous étions-nous installés que je me relevai. Assis à deux pas de la fosse, je ne pouvais pas là pour attendre, mais pour voir. Je m'avançai tout à fait en voir le fond. Je n'étais sur le bord et me tins immobile, bras croisés. J'étais sans impatience. Je n'attendais rien. Il me fallait être là, c'est tout.
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Est-on jamais assez attentif ? Quand un grand arbre noirci d'hiver se dresse soudain de front et qu'on se détourne de crainte du présage, ne convient-il pas plutôt de s'arrêteret de suivre une à une ses ramures distendues qui déchirent l'horizon et tracent mille directions contre le vide du ciel ?
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