Ce qui caractérise l'époque actuelle, c'est l'extraordinaire diversification des formes culturelles, inséparables des dynamiques migratoires, de l'existence de diasporas intercontinentales, de l'intensification de déplacements professionnels et touristiques. Dans ces conditions, l'image d'une planète en voie d'homogénéisation et d'occidentalisation se trouve contredite par les faits. Ce qui se dessine, c'est plutôt le nouveau visage de sociétés où les frontières se brouillent entre l'authentique, le traditionnel, et les apports culturels issus de civilisations lointaines, mais qui circulent d'un bout à l'autre de la planète.
S'impose ainsi l'idée d'une anthropologie axée sur les frictions, les assemblages, les irruptions - sur les processus et les interactions, jouant de l'immersion et du déplacement ; bref une anthropologie ouverte et critique, prête à affronter lucidement les nouveaux désordres du monde.
On a vu ainsi se développer une élite cosmopolite de cadres supérieurs travaillant pour des multinationales, traitant entre les grandes capitales du monde et acceptant d'autant mieux cette forme de déterritorialisation qu'elle s'accompagne de hauts salaires et de perspectives de carrières très attrayantes. Il n'en reste pas moins qu'une grande partie de la population migrante est constituée de travailleurs manuels, ouvriers du bâtiment, travailleurs saisonniers, chauffeurs de taxi, etc. Beaucoup d'entre eux sont des illégaux qui ont l'espoir d'obtenir à terme un document qui officialisera enfin leur présence sur le territoire d'accueil.
[Dans la globalisation] non seulement les biens de toutes sortes et le travail humain sont des valeurs d'échange, mais même ce qui relève traditionnellement de la nature et du vivant est désormais négociable.
Dans un monde en mouvement où les migrations sont susceptibles de renverser les majorités existantes [...] on ne s'étonnera donc pas de constater à quel point les vingt dernières années ont été propices à a floraison des conflits ethniques, alors qu'on nous prédisait un après-guerre froide où le capitalisme trouverait sa pleine réalisation sous le signe de la paix et de la fin de l'histoire.
L'une des conséquences les plus visibles de la globalisation est celle de l'aggravation des inégalités.
L'Etat n'est pas simplement une donnée institutionnelle, c'est le produit d'une croyance : l'Etat est toujours aussi un idéal d'Etat ; on ne saurait donc le traiter comme une simple organisation matérielle. Il est un résultat, un développement de l'activité des hommes.
Les Etats sont de moins en moins de jouer un rôle redistributif parce qu'ils manque aujourd'hui des ressources suffisantes, et plus encore, dans le tiers-monde où les programmes d'ajustement structurels et les mesures d'austérité ont contribué à les réduire.
La mobilité croissante des capitaux induite par le développement des marchés financiers globaux transforme l'équilibre des pouvoirs entre Etat et marché et génère des pressions sur l'Etat pour développer des politiques favorables au marché, en limitant les déficits publics et la dépense sociale, la baisse de l'impôt, la privatisation et la dérégulation du marché du travail.
De plus en plus, les places financières semblent être devenues le coeur des dispositifs de pouvoir et tout se passe comme si les éolution de l'économie mondiale délimitaient la marge de décision offerte aux gouvernants.