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Critique de Slava


Slava
05 décembre 2020
J'ai connu Warhammer 40000 ou 40k pour les intimes par des amis fans de la franchise qui tenaient absolument à m'initier dans son background mais j'étais effrayée d'y être introduite. Il faut dire que son immensité, son univers titanesque ou s'affrontent plusieurs factions majeures dans une galaxie hostile et ses thèmes bien chargés de guerre, de religion, de magie (ou de sorcellerie) et surtout du mal qu'il soit humain ou d'ailleurs peuvent dérouter plus d'un. Il réussit surtout l'exploit de transposer beaucoup d'éléments de fantasy dans la science-fiction mais surtout réunit un tas d'hommage et de références à la culture fantastique et historique dans un monde gigantesque. Heureusement des romans existent et cela m'a été ma porte d'entrée vers ces épiques récits, notamment sur le plus important d'entre tous qui compte déjà trente tomes et qui est la pierre fondateur de l'histoire de Warhammer 40k : l'Hérésie d'Horus. Précision que celle-ci se passe 10 000 ans avant le cadre présent de Warhammer 40K.
Il y a longtemps dans une galaxie lointaine et proche de nous, dans un futur très lointain...
Au 30eme millénaire, l'humanité a colonisé une partie de l'espace et est en train d'édifier un empire démesuré, l'Impérium, qui s'étend parmi les étoiles pour permettre un âge d'or rayonnant à l'espèce humaine. Ce prodige est possible grâce aux progrès technologiques inhérents à l'Impérium mais surtout grâce à un seul homme, un être surpuissant et si grandiose qu'il est comme un dieu : l'Empereur. Il a sauvé la race humaine de l'extinction qui la menaçait suite à des conflits destructeurs dans le passé et la guide à présent dans sa bienveillance dans son destin qu'est de dominer les mille et une astres et planètes qui garnissent le champ spatial. Il n'est pas seul dans sa croisade puisqu'il est aidé par ses Fils, les Primarques, qui sont des équivalents de demi-dieux à la force majestueuse et commandent les armées spéciales des Space Marines, des chevaliers futuristes dévoués au bien de l'humanité et prêt à la protéger, écrasant sans pitié tout ennemi qu'il soit agressif ou pacifique à l'Impérium. Son préféré, Horus, le Fils Favori, est le Maître de Guerre qui dirige ainsi toutes les flottes impériales et qui est le chef de la 63eme flotte expéditionnaire et de sa légion personnelle, les Lunar Wolves dont vient d'intégrer le jeune aspirant Gavriel Loken et qu'accompagnent les commémorateurs Kyril Sindermann, Ignace Karkasy, Mersadie Oliton et Euphrati Keeler chargés de notifier et célébrer les exploits du Maître de Guerre et de ses soldats. Une mission de routine doit se faire sur une planète fraîchement découverte mais ce qu'ils y trouveront pourrait bien changer pout tous le cours des événements et voire même de l'Impérium, une chose hideuse, redoutable et abominable qu'on nomme le Chaos...
Premier tome du cycle de l'Hérésie d'Horus écrit par un des contributeurs de la franchise qu'est Dan Abnett, l'Ascencion d'Horus nous transporte dans l'ample macrocosme belliqueux avec un éclat fracassant et dont l'infinité de ses personnages comme de ses intrigues nous tourbillonne à nous perdre la tête. En tout cas ce premier volet est une réussite pour ce qui est d'accéder à un novice à l'épopée cosmique de Warhammer 40K et surtout de l'Hérésie d'Horus et ce malgré ses termes techniques qui parsèment le roman et sont très fréquents comme Astarté, bolter ou encore gorgerin. L'écriture est très fluide, rapide et on n'y perd aucun temps mort dans l'action. C'est d'ailleurs je pense mon gros point faible pour moi de l'ouvrage, surtout lorsqu'on le relit une seconde fois : c'est très sec, très avare, et très mendigot dans la façon d'écrire, évitant heureusement une pauvreté totale : mais ce n'est malheureusement pas ma tasse de thé cette plume, bien que pour une première introduction elle convient tout à fait à ce but.
La grande force du récit est surtout sa galerie de personnages, très riche et variée, qui symbolisent tous les acteurs en place de l'Impérium, des providentiels Space Marines en passant par les simples mortels et qui beaucoup d'entre eux auront des rôles cruciaux à jouer dans le cycle. le protagoniste principal, Gavriel Loken, est un héros sympathique et attachant dans sa personnalité sincère, honnête et respectueux envers ses pairs mais taraudé de questionnement sur le bien-fondé des agissements de la soldatesque et de son capitaine. Autour de lui gravite ses compagnons comme le vétéran Iacton Qruze dit le Mal Entendu pour ses babilleries d'ancien, l'aimable Tarik Torgaddon et de l'impétueux Ezekyle Abaddon. Et comment ne pas évoquer le magnanime Horus, juste dans sa droiture mais plein de faille qui pourraient lui faire l'ombre ? Ce dernier n'est pas le seul primarque qu'on fait connaissance, ainsi nous rencontrons l'austère mais habile Rogal Dorn chef des Imperial Fist et l'angélique et sublime Sanguinus leader des Blood Angels qui seront importants dans la suite à venir. Gavriel combat aux cotés d'autres guerriers dont on pressent l'influence dans la progression de la série entre l'inquiétant chapelain Erebus des World Bearers et deux membres de la fantasque armée violette des Emperors Children qui sont haut en couleurs, le philosophe et prévenant Saul Tarvitz et l'épéiste adroit mais orgueilleux combattant aimant un peu trop la brutalité des champs de bataille qu'est Lucius... Les humains sans talent spécial offrent des images contrastées entre l'itérateur propagandiste Kyril Sindermann qui se moque des supersitions, le poète Ignace Karkasy qu'assaille le doute sur les entreprises de la conquête spatiale, l'étrange Mersadie Oliton dotée d'implant mnémonique et la fringante et pieuse Euphrati Keeler qui se fait rabrouer pour sa foi dans une ère ou toute religion n'est plus de mise ou la raison doit triompher. Bien entendu on ne voit jamais l'Empereur mais on parle de lui et on l'exalte dans sa valeur mais se perçoit néanmoins la critique d'un individu distant et hautain dans son paternalisme.
Guerre et paix forgent le roman. La guerre surtout, qui bruisse dés le début et dont la fureur des assauts et des corps-à-corps est constant et les tiers de bolter et de vaisseaux résonnent de partout. Mais la paix aussi : paix d'une planète tout juste conquise et se soumettant bon gré mal gré au crédo impérial, paix entre les hommes d'armes qui scellent un pacte dans un jardin crépusculaire, paix entre les commémorateurs qui tentent de faire du mieux qu'ils peuvent conscient d'être tout minuscule face à leurs héroïques supervisieurs qui dépassent souvent leurs tailles et paix intérieure mais souvent troublée d'Horus qui malgré sa glorieuse charge est écorné par son manque de confiance non pas en lui mais à l'Empereur. Et déjà les graines de la dissension sont plantés...
Car malheureusement on ne découvre pas seulement des planètes, des vaisseaux et des hommes : on découvre aussi l'horreur et l'abomination qui habite la galaxie. Des ennemis aliens aux pattes d'araignées qui dévorent tout sur leurs passages sont dans notre champ de vision durant un temps. Mais c'est surtout une possession démoniaque qui nous faisons face et qui émane d'un domaine inexprimable ignorés de nos héros d'infortunes et qui commence à se manifester sans crier gare : le Chaos. Une entité multiple cauchemardesque qui sera l'instigateur des drames cosmiques à venir et que devra affronter l'humanité quand elle sera mal au point. Mais pour le moment nous n'en verrons pas grand chose de cette essence malfaisante et de ses dieux qui trament dans l'ombre des étoiles... Et vers la fin, dans la dernière partie du roman, c'est le jeu d'une manipulation indigne qui se met en place et qui révèle les faiblesses de l'Impérium qui se croit épargnée de toute magouille et de toute bassesse.
En dépit de ses impressionnantes batailles et de l'importance des membres militaires de l'Impérium que nous suivons, le roman n'apparait pas comme un livre bourrin uniquement concentré sur les prouesses martiales et le feu des combats : il aborde à notre stupeur des réflexions philosophiques et loin d'être anodines sur l'humanité comme la foi, la science, la guerre, la tolérance ou la culture, posant de questions lourdes que se posent la plupart de nos interprètes : Faut-il répandre à tout prix la bonne parole quitte à oppresser dans le sang une civilisation qui refuse de l'adopter ? A quoi sert l'art s'il ne peux qu'être outil de propagande ? Est-il possible d'effacer définitivement le besoin de croire une spiritualité quelconque ? La science peut-elle tout résoudre et répondre ? Qu'est-ce qu'être humain ? Et qu'est-ce que le mal ? Sans être du Shakespeare toutefois, l'Ascension d'Horus acquiert une dimension éthique qu'on croirait mal assortie dans un roman de space opéra guerrier.
En conclusion, une entrée en matière brillante sur un univers belliciste et fantastique qui nous fait entrevoir avec exaltations d'autres horizons larges sur la galaxie et sur les péripéties dantesques qui vont survenir. le voyage est turbulent mais si on s'accroche, on est bluffé par l'épique suintant de ce futur certes peu tranquille mais enfiévré et tonitruant des gloires d'un empire humain et on ne peut que vouloir lire la suite sur les parcours contrariés de nos acteurs d'une future scène tragique. Que l'Empereur vous protège durant cette immersion !
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