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Le 26 septembre 2002, le ferry le Joola, qui relie en treize heures la région de la Casamance, au sud du Sénégal, à la capitale Dakar, coule à quarante kilomètres au large de la Gambie, avec à son bord plus de 2000 passagers. Il n'y a que 65 survivants. S'intéressant quinze ans plus tard au parcours d'un jeune étudiant français originaire du Morvan et disparu dans le naufrage, l'auteur se rend à plusieurs reprises au Sénégal pour enquêter. Il nous restitue l'histoire du drame, depuis la conception du bateau jusqu'à son dernier voyage, révélant d'innombrables et graves dysfonctionnements dans l'entretien et l'exploitation du navire, l'ahurissante incurie des autorités dans la gestion des secours et, pour couronner le tout, le déni de justice qui a finalement conduit au classement de l'affaire sans poursuite.


Le constat est accablant : vétusté, incompétence, corruption, maintien en circulation d'un bateau sans permis de circulation, double billetterie et surcharge, défaut d'équipement de secours… La liste des dysfonctionnements est longue comme le bras. Leur accumulation ne peut que mener à la catastrophe, pourtant le Joola continue à naviguer comme si de rien, avec à son bord près de quatre fois le nombre autorisé de passagers. le bateau se retourne en moins de dix minutes, seuls deux canots de sauvetage finissent par pouvoir être utilisés, et les secours, aussitôt alertés, mettent presque une journée pour parvenir sur place. Il y a au final plus de victimes que lors du naufrage du Titanic, tant à cause du chavirement que de la lenteur du sauvetage…


Au drame causé par l'irresponsabilité vient bientôt s'ajouter pour les familles l'impossibilité d'obtenir justice. le dossier est classé sans suite dès 2003 au Sénégal. Les tribunaux français, saisis par les proches de nos ressortissants disparus dans le naufrage, confirment définitivement le non-lieu en 2018, en raison de dispositions internationales les rendant incompétents dans cette affaire. Les victimes s'avèrent ainsi triplement condamnées : par l'incurie qui a mené à la catastrophe, par le défaut d'assistance, et par l'absence de poursuites judiciaires.


Ce livre s'attache aux faits, retraçant avec le plus grand sérieux les différents éléments de la tragédie, glanés après une enquête approfondie et de multiples rencontres en France comme au Sénégal. L'auteur trouve le ton juste pour évoquer avec une émotion contenue la dimension humaine de la catastrophe, s'attachant en particulier au sort d'un des passagers mais en évoquant aussi beaucoup d'autres. L'ouvrage se fait hommage, au service de la mémoire des disparus et de leurs familles. Cette lecture, stupéfiante et choquante, est nécessaire, pour sauver de l'oubli les victimes d'une des catastrophes maritimes les plus dramatiques jamais survenues, mais aussi pour dénoncer la noire lâcheté de certains comportements humains. Avec son style fluide et efficace, c'est aussi un passionnant documentaire sur l'histoire du Sénégal, en particulier de la Casamance.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Pour qui connait le Sénégal et la Casamance, ce livre fait vibrer: on s'y retrouve! Je n'ai pas pu me rendre en Casamance, fortement déconseillé aux touristes et interdit par ma fille: on venait de décapiter le conducteur d'un car plein de touristes. C'était après le drame du Joola; ce livre me donne envie de reprendre le livre de Fatou Diome qui évoque la veuve d'un marin; elle utilise l'autre terme: le Sangomar, si ma mémoire est bonne. Je l'avais abandonné, lassée par l'animisme.
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Moi qui adore les récits de naufrages, j'abandonne cet ouvrage à regret car j'ingérais l'histoire jusqu'à tomber sur ce titre dans le catalogue en ligne de la Médiathèque du Mans. Bien que bien écrit, le récit ne m'emballe pas même au bout d'une trentaine de pages donc mauvais signe, comme à chaque fois. Trop de détails géographiques avant d'entrer dans le vif du sujet que je n'ai donc pas eu l'occasion d'aborder ... C'est bien le premier ouvrage // thématique naufrage maritime que je me vois contrainte d'abandonner d'autant à regret que c'était un des rares livres à évoquer ce sujet ...
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Adrien Absolu a mené une minutieuse enquête sur le naufrage du Joola.
Qui s'en souvient ? Pas grand monde je suppose, moi-même j'avais dû en entendre parler pour l'oublier aussi vite.
L'auteur fait donc ici un état des lieux précédant le naufrage, relatant toutes les causes possibles et avérées en faisant une « chronique d'un naufrage annoncé ».
Il décrypte autant les problèmes mécaniques et physiques du ferry que l'environnement politique du Sénégal, peu propice, en tout cas à l'époque, pour des transports de personnes en toute sécurité.
Il va ensuite nous faire revivre au travers de témoignages de rares survivants cette nuit d'horreur où 1863 personnes ont perdu la vie, hommes, femmes, enfants, bébés. Les secours qui n'arrivent pas et quand ils arrivent leur manque de coordination et d'efficacité.
Ensuite vient le temps des deuils, celui des familles dont le corps d'un proche a été retrouvé et identifié, celui des familles qui attendent une liste des survivants pour y voir celui de la personne qu'ils attendent, celui des familles qui ne savent même pas si leur proche a pris le ferry ce jour-là. Enfin celui de ceux dont on n'aura rien à mettre dans la tombe, porté disparu, présumé décédé.
Commenceront alors les questions, les batailles, les procès.
Ce texte constitue un superbe document, un témoignage, et assez de preuves pour pouvoir analyser les causes pour ainsi éviter que ça ne se reproduise. Ce récit est étayé du témoignage involontaire d'un des disparus du Joola, jeune étudiant français de 20 ans qui envoyait régulièrement des mails pour donner des nouvelles à ses parents jusqu'à ce 26 septembre 2002.
Une question s'impose cependant à la fin de cette lecture. Pourquoi un paquebot britannique ayant coulé à cause d'un glaçon et ayant fait près de 400 morts de moins et dix fois plus de survivants est-il plus célèbre que ce taxi-ferry sénégalais ? J'ai quand même peur d'en connaître un élément de réponse.
A lire, pour ne pas les oublier.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Une enquête particulièrement intéressante pour ceux qui se souviennent de ce tragique évènement.
Ce récit permet jour après jour et année après année de cheminer dans les causes et les conséquences de ce drame.
Il met en avant a quel point le pouvoir en Afrique reste opaque sur les responsabilités réelles de chacun des protagonistes.
Une fois de plus les intérêts priment sur la vie des citoyens et une fois de plus les responsables politiques internationaux sont rarement soumis à la justice au même titre que les simples citoyens.
Une enquête pleine d'humanité riches d'éclaircissements et d'enseignements.
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Loin d'être un roman, cet ouvrage est un récit documentaire sur le naufrage du Joola en 2002.
Pourquoi ce naufrage, à qui la faute ? L'auteur, Adrien Absolu, voyage, questionne, se documente, essaie de trouver des réponses.
Ce récit bondé de renseignements est évidemment très intéressant. le style de l'écriture m'a cependant perturbée.
J'ai vraiment apprécié les proverbes sénégalais en début de chapitres et certaines descriptions m'ont assurément plongée dans le contexte africain. Mais dans sa majorité j'ai trouvé ce livre assez difficile à lire, les très longues phrases n'aidant pas.
Enfin, même si je n'ai pas saisi tous les détails, j'ai apprécié l'effort de sensibilisation de l'écrivain.
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Le drame du naufrage Joola, titré par Florence Aubenas dans Libé « Trois jours de deuil national pour le Titanic sénégalais », a été éclipsé par d'autres catastrophes dans le monde.
Ce bateau qui relie la terre du Casamance au Sénégal fit pourtant presque deux mille victimes ce 26 septembre 2002. Un accident qui aurait pu être évité ?
En novembre 2013, l'auteur se trouve dans la boulangerie-épicerie-tabac d'un village du Morvan où se vendent des bougies à l'effigie du ferry Joola. La propriétaire de la boutique a perdu son fils dans le naufrage. L'auteur fait alors le lien avec ce qu'il a entendu lors d'un de ses voyages en Casamance.
Depuis, il a effectué six autres séjours à Ziguinchor, menant des entretiens avec les rares rescapés, des membres de familles en deuil, des habitants de Dakar ne voyant pas le Joola arriver, ainsi que d'autres protagonistes impliqués. Il s'appuie également sur d'autres écrits, et un documentaire (qui n'a jamais trouvé de diffuseur), ce qui en fait un récit très documenté qui se lit comme une enquête, sans jamais tomber dans le genre exposé, car l'auteur connaît très bien le terrain et y mêle histoire, géographie, traditions, moeurs.
Ce livre très documenté nous livre les archives de la construction du navire jusqu'à ses derniers instants, qui sont liés à l'histoire du Sénégal et du contexte de la Casamance au sein de la région.
« Ce n'est pas possible, le Joola ne peut pas sombrer en plein mer, nous avons tous déjà pris le Joola et il est toujours arrivé à destination, un ferry en bon état construit par les Allemands ne coule pas à 30 kilomètres des côtes, les gens disaient vous vous trompez.»
C'est l'histoire d'un fils dont le corps n'a jamais été retrouvé, le chemin d'un deuil difficile à effectuer.
« ... il n'y eut jamais d'images pour aider à faire ce trajet mental jusqu'à l'évidence, pour venir opposer aux fantasmes de mort d'une scénographie précise, ce qui ne fit qu'accentuer la sidération, l'impression de vivre un cauchemar éveillé, le déni. »

#LesdisparusduJoola #NetGalleyFrance
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Vous connaissez peut-être ce fait divers tragique. le 26 septembre 2002, le bateau Joola partant de Ziguinchor allait vers Dakar. Mais il n'y arriva jamais. le Joola sombra loin des côtes ce qui provoqua la mort de plus de 1863 morts. 65 personnes ont réussi à s'en sortir.
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Je tiens d'abord à féliciter l'écrivain Adrien Absolu pour le travail colossal qui a été réalisé. L'écriture est belle, raffinée, précise. Les éléments sont toujours pertinents. J'ai appris beaucoup de choses grâce à cet ouvrage.
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J'aimerais revenir sur quelques points qui m'ont profondément marqué.
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Le récit du naufrage : c'est LE passage clé du livre selon moi. On a l'impression d'y être. Vous verserez certainement quelques larmes comme moi. Beaucoup d'émotions m'ont submergées. On éprouve forcément de la peine pour toutes ces personnes qui vont périr. On est touché par ceux qui s'en sortent.
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La Casamance : le Joola partait de cette région avant de sombrer. L'écrivain s'est rendu à de nombreuses reprises en ces lieux pour avoir le plus d'informations possibles sur l'histoire du Joola. On découvre des personnes très touchantes (des rescapés, leurs familles, des membres d'associations…). de plus, la Casamance est à plusieurs reprises décrite. La région a l'air magnifique. Cela m'a donné envie d'y aller car c'est une culture que je connais très peu.
Au milieu de ce drame, il y a quelques points lumineux qui nous permettent de souffler un peu.
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Les thématiques : ne pensez pas qu'il n'y a que la journée du 26 septembre 2002 qui est décrite dans ce livre. Il y a beaucoup d'éléments pertinents sur la construction du bateau, les réactions des familles lorsqu'elles ont appris le drame, les conséquences politiques, judiciaires, etc.
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C'est une lecture qui va me mar
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Passionnant, bien écrit et permet de mieux appréhender les inperfections du beau continent À lire absolument
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Adrien Absolu nous entraîne dans les cales du Joola, en partageant son histoire et celle de son naufrage, qui sont aussi passionnantes qu'effrayantes.
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