Comment j'ai survécu à la sixième

Cher journal,
Tu vois, autrefois, au siècle dernier, ils avaient drôlement de la chance.
Mamie, par exemple, elle a appris tous les chefs-lieux de départements et la liste des anciens comptoirs français. Encore aujourd'hui, elle est capable de les réciter par coeur ! C'était facile !
Nous, maintenant, on nous demande d'avoir tout un tas de compétences.

La partie du livre qui m’a plu : « Tu m’aurais vu devant tout le monde, assise au bureau de la prof, annoncer avec aplomb la création d’une journée à la spatule. Toute la classe rigolait. Et la prof me regardait d’un air maussade, les brais croisés. Elle m’a mis un 6/20."
(Prince Mido)

Je suis donc dans une sixième où je ne connais personne. Et, comble de malheur, notre professeur principal a établi un plan de classe qui nous fait nous asseoir par ordre alphabétique. Je suis tombée sur Jean.

Un clone de mon frère, version miniature. Le genre de garçon qui a les cheveux rasés sur les côtés et une vague qui ondule et qui tient toute seule sur le haut de son crâne.

Sans commentaire.

Ça, c’est dur, mais il y a eu surtout beaucoup, beaucoup de choses positives, par exemple…

Attends, je cherche. Par exemple…

Bon, là, comme ça, je ne trouve pas, mais dès que je me souviens, je reviens l’écrire.

Mardi 1er septembre
Cher journal,
Quand je suis rentrée du collège aujourd’hui, maman m’a endait dans le salon.
– Ça s’est bien passé ? m’a-t-elle demandé avec un petit regard inquiet.
J’ai grommelé :
– Mmm !
Et je suis allée m’enfermer dans ma chambre pour colorier mon emploi du temps.
Il est hors de question que je partage avec elle les détails de mon entrée en sixième.

Vendredi 4 septembre
Cher journal,
Je ne peux l'avouer à personne d'autre qu'à toi : mes premières journées au collège sont une succession de hoquets désastreux.
Déjà, c'est étrange, mais les premiers jours tu refais tout le temps les mêmes rituels : tu entres en classe , tu t’installes à ta place , tu sors une feuille à gros carreaux et tu remplis la fiche.