Au commencement était le corps, la sensation qu'à la femme de son propre corps, la joie de sa légèreté et de sa liberté. Ensuite vint l'injustice, si aiguë qu'on la sent avec le corps; elle le prive de sa mobilité, paralyse ses mouvements, et voilà que tu es son otage. Puis tu pousses ton corps au combat contre l'injustice, en mobilisant chaque cellule pour la guerre contre le monde du patriarcat et de l'humiliation.
Tu dis au monde: Notre Dieu est femme!
Notre mission est la protestation!
Notre arme est le sein nu!
Ici naît Femen, ainsi commence le sextrémisme.
C'est quand même extraordinaire ! Le monde libre !
Ma mère est originaire d'un village près de Kherson dont la population aurait été déplacée par Staline de la région d'Ivano-Frankivsk, après l'occupation de l'Ukraine occidentale. Dans ce village, on a toujours parlé ukrainien, on a conservé les traditions et tous les dimanches, on va à l'église. C'est ainsi que j'ai été élevée.
L'Ukraine, c'est la nouvelle Thaïlande, et le phénomène progresse. A Kiev ou à Odessa, avec mille dollars en poche, l'homme est un roi. Cette industrie du sexe fonctionne comme un fast-food, une sorte de McDonald's. C'est facile est bon marché. Accessoirement, c'est aussi exotique pour les étrangers parce que les filles ukrainiennes sont souvent belles et naïves.
Les Occidentaux expérimentés ne vont même pas au bordel -pourquoi payer plus ? Un étranger qui connaît un peu les mœurs locales se rend dans une boîte de nuit et offre un verre à une fille. Il lui raconte qu’il vient pour affaires à Kiev, et la fille se met à rêver qu’il va l'épouser et l'emmener en Europe. Beaucoup de filles pensent qu’elles n'ont pas d'autre possibilité dans la vie : elles n'ont pas d'argent pour étudier, et elles ne peuvent décrocher que des jobs peu intéressants où elles seront cruellement exploitées et sous-payées.