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Critique de sylviedoc


Ce 24 décembre, Richard Adams nous aura quitté depuis tout juste 5 ans. Quel meilleur moyen de lui rendre hommage que de lire ce petit chef-d'oeuvre d'humour et de sensibilité écrit en 1972, refusé à l'époque par treize éditeurs et finalement tiré à 2500 exemplaires par un tout petit éditeur londonien, le seul qui ait cru en cette « fantasy animalière ». Bien lui en a pris, car depuis, le livre a connu un succès incroyable (classé dans les 50 livres les plus lus et les plus appréciés du monde!), et d'innombrables adaptations en film, séries (dont « La colline aux lapins » en 2018 sur Netflix) et au théâtre. L'auteur a également écrit une suite consacrée aux légendes lapines : « Les contes de Watership down », en 1996. Même certains musiciens s'en sont inspirés ! Une belle revanche, amplement méritée à mon avis.

En effet, j'ai pris un immense plaisir à découvrir cette courageuse équipe rassemblée autour de Hazel, un véritable héros qui va les entraîner dans des aventures épiques pour créer leur propre garenne et y amener des hases afin de la faire perdurer. Ils sont partis à une douzaine, suite à la prémonition du jeune frère de Hazel, Fyveer, qui a « vu » l'effondrement de leur garenne natale suite à des travaux humains. Chacun de ces lapins a ses propres caractéristiques, certains apporteront leur force physique, d'autres leur astuce ou leur capacité de réflexion, mais tous auront l'occasion de se rendre utile au cours de l'épopée qu'ils vont vivre ensemble. L'entraide, l'instinct de survie et la construction d'une société « idéale » figurent parmi les thèmes majeurs de l'histoire. Je n'ai pas envie de trop vous en dévoiler, sachez seulement que vous y découvrirez plusieurs organisations de sociétés, avec leurs hiérarchies plus ou moins « carrées » et autoritaires, des croyances en des êtres mythiques bienveillants ou maléfiques, d'innombrables ennemis (les Vilous »), mais aussi des alliés inattendus comme un mulot ou une mouette blessée abandonnée par ses compagnons.

Une large part est dévolue à la description de la nature environnante, qui peut se montrer terre d'accueil avec ses plantes délicieuses où les lapins iront « farfaler » à l'aube ou au coucher du soleil, mais aussi hostile, dans les tourbières ou sous l'orage par exemple. Les paysages décrits existent réellement, ce sont des collines situées dans le Hampshire où a vécu l'auteur sa vie durant. On ressent sa profonde communion avec son environnement, c'est ce qui rend le récit si crédible et si immersif.

Et oui, j'ai bien écrit crédible ! Car très vite, je me suis coulée dans la peau d'un de ces lapins, j'ai ressenti leur frayeur au moindre bruit étranger, j'ai été épuisée par cette longue route où si peu d'abris se sont offerts à nous, j'ai eu des doutes sur le bien-fondé de cette aventure qui m'a parue parfois insensée (et pourtant nécessaire...), j'ai écouté avec recueillement les légendes sur Shraavilshâ narrés par Dandelion le conteur, bref j'ai été un des leurs bien plus qu'un simple lecteur.
Avec eux j'ai surmonté ma peur, et j'ai triomphé des pièges et des périls si nombreux que nous avons trouvé sur notre route.

L'histoire n'est pas contée par un lapin, mais par un narrateur extérieur, qui parfois s'adresse directement au lecteur pour exprimer un point de vue ou expliquer une particularité propre à l'espèce. Et cette langue lapine, quelle trouvaille ! Même sans (presque) lire les notes de bas de page, j'ai compris instinctivement la quasi-totalité des termes, tant ils m'ont semblés couler de source. Rien d'étonnant à cela, mon signe astrologique chinois étant Lapin !

Autre point que j'ai beaucoup apprécié : chaque chapitre est introduit par une citation soigneusement extraite d'une oeuvre littéraire célèbre, et en lien avec le contenu du chapitre ; On rencontrera ainsi Eschyle, Shakespeare, Kenneth Grahame, et bien d'autres encore.

Je n'ai quasiment aucune réserve à formuler, sinon que je serais volontiers restée encore plus longtemps avec mes nouveaux amis et j'aurais aimé en connaître certains encore un peu mieux. J'ai vraiment passé un excellent moment avec cette lecture totalement hors de mes habitudes. Merci à Sandrine (HundredDreams) et à Isabelle (Ileauxtresors) qui m'ont révélé cette fabuleuse aventure !Et maintenant je m'en vais découvrir les impressions d'Onee, qui a lu Watership Down en même temps que moi !
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