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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
D'un côté, un sordide fait divers qui secoue l'Espagne -le temps des quelques jours que lui octroient la macabre richesse de l'actualité et la versatilité de ceux qui s'en abreuvent- : Alice Espanet a commis l'inconcevable en noyant ses bébés (des jumeaux) dans leur baignoire.
De l'autre, une narratrice elle-même maman depuis peu, d'un petit Erik qu'elle aime profondément bien que sa grossesse ait été plus fortuite que désirée, mais qui depuis son accession à la sacrosainte maternité, a la vague impression de se perdre, de rétrécir sa vie dans une succession de tâches ingrates et abêtissantes, de s'être installée dans une existence de tiédeur et de pragmatisme, agréable mais vide de tout feu. Il faut dire que l'événement est tombé au mauvais moment, celui où elle avait enfin atteint l'un de ses rêves, en obtenant pour son premier roman -un thriller politique- une reconnaissance concrétisée par un prix littéraire.

A la fois déterminée à redevenir soi-même et obsédée par la figure d'Alice Espanet qu'elle a brièvement connue, sous le patronyme de Jade, lorsqu'elle était étudiante, elle décide, plutôt que de reprendre le travail, de prendre un congé et d'écrire sur Alice.

Elle va ainsi tenter de pénétrer le mystère que constitue non seulement la jeune femme, mais aussi et surtout celui de l'infanticide. Qui est Jade/Alice ? Que cachent les vides que l'enquête menée par la narratrice sur sa biographie ne tardent pas à révéler ? Quelle insondable souffrance, quelle invisible démence, ont mené à l'inacceptable issue cette femme belle, riche, mariée à un homme aimant ?

Voilà. J'étais happée, intriguée, et réjouie, surtout, à l'idée de la suite ! Katixa Agirre me promettait là à la fois du suspense et l'occasion d'une passionnante réflexion sur le mal-être des femmes reléguées au statut de mères, de déconstruire le mythe de la maternité radieuse, édulcorée, pour aller en gratter les stigmates physiques -l'inconfort, fragilité, fatigue- et psychologiques. de plus, son écriture me plaisait bien, avec son ton subtilement ironique et son rythme fluide.

Et puis… c'est retombé comme un soufflé. Je le voyais bien, en progressant dans ma lecture, et en constatant que la fin s'approchait à grands pas, que mon impression d'étreindre du vide s'accentuait, que s'effritait peu à peu la structure que la première partie de l'intrigue m'avait laissé imaginer.

Parce que finalement, à l'image d'une narratrice que son projet littéraire fait naviguer de phases d'illusoire clarté en moments de trouble, s'éloigner plus que s'approcher -ou en avoir l'illusion- d'une compréhension de son sujet, le lecteur ne gardera d'Alice qu'une vague et lointaine image, et n'apercevra pas même le bord du gouffre où fermentent les motivations de son geste. On se demande d'ailleurs de quel matériau l'écrivaine, entravée dans sa démarche par l'effroi -voire la répulsion- que suscite en elle ledit geste, va alimenter son livre.

Partir d'un infanticide pour traiter de la manière dont la représentation maternelle qu'impose la société nie aux femmes leur droit à l'épanouissement individuel et à l'infaillibilité -l'identité de la mère exilant toutes les autres- était une bonne idée, mais elle n'est malheureusement pas exploitée, et ce sont finalement les moments où la narratrice évoque sa propre maternité, et notamment la dualité entre la frustration et la culpabilité qu'elle occasionne, qui se révèlent les plus consistants.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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