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Citations sur Les vivants et les autres (15)

- Pouvons-nous penser à votre livre comme un hommage à Kafka et à toute la grande littérature occidentale ?
- Vous pouvez penser ce que vous voulez, répond Cornelia exaspérée. N'importe quel roman, s'il est assez bon, est un hommage aux dizaines ou centaines qui l'ont précédé. Dans ma bibliothèque, comme dans la vie, je ne classe pas les livres selon la nationalité des auteurs. Je ne demande pas aux gens d'où ils viennent. Ce que je veux savoir c'est qui ils sont. Alors je leur demande ce qu'ils aiment lire.
- C'est pourtant un classement possible, celui de la bibliothèque, insiste Jussara. Comment organisez-vous la vôtre ?
- Selon la couleur des tranches. Rouge, orange, jaune, vert, bleu...
Le public rit.
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Luzia se réveille couchée sur le côté, avec la sensation qu'il y a quelqu'un allongé, immobile, derrière elle. Cela arrive fréquemment, et pourtant elle s'affole à chaque fois. Il est un peu plus d'une heure du matin. La jeune femme se lève, ouvre la porte qui donne sur la terrasse et sort. L'air chaud et humide se colle à son corps comme un peignoir de soie. Il y a un homme assis sur le ponton, face à la mer mais il n'y a pas de mer. L'eau semble avoir reculé presque jusqu'à l'horizon. Les silhouettes des barques enterrées dans le sable se dressent à la rencontre de la Voie lactée. Elle pense qu'elle pourrait vivre pour toujours dans cette île. Elle s'imagine pendant un court instant vieillir à l'une des tables de café Âncora de Ouro, en regardant les enfants qui jouent dehors devenir des vieux, et donc elle décide que non, il vaut mieux continuer de vivre à Luanda, nourrie de l'énergie bruyante de la grande ville, pleurant parfois, mais riant le plus souvent, même quand tout semble perdu.
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Au Brésil, une de ses amies lui avait prêté le premier roman de Daniel, qu’elle n’avait pas aimé. « Cest emmerdant et prétentieux », avait-elle dit en rendant le livre. Au bout de quelques années, alors qu’elle vivait au Cap, elle l’avait relu et il lui avait semblé différent. Elle avait ri toute seule. Elle avait pleuré, bouleversée, en se rendant compte que la narratrice du roman c’était elle, dans un passé qu’elle n’avait jamais habité. Elle avait ainsi découvert que personne ne lit le même livre deux fois. Un peu plus tard, elle se rendrait compte que personne ne lit les mêmes livres – en lisant les mêmes livres.
(p. 76-77)
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- Non, mais sérieusement. Tu n'as pas l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas?
- Presque tout.
- Je veux dire, sur cette île.
- Tu as cette impression, à cause d'Internet. Ou plutôt, parce que nous n'avons plus Internet.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Tu es en état de privation d'une réalité virtuelle depuis plusieurs jours. D'ailleurs l'expression "réalité virtuelle" est curieuse...
- Je sais, une contradiction dans les termes.
- Nous passons de plus en plus de temps plongés dans cette réalité irréelle. Et privés d'elle, nous nous inquiétons. Il se passe quelque chose de pareil si nous passons dix heures d'affilée concentrées dans la lecture d'un beau roman. Au moment où nous posons le livre et nous nous levons, le monde autour de nous nous paraît faux, incohérent et peu solide.
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C'est ainsi que tout commence : un énorme éclair déchire la nuit, l'île se détache du monde. Un temps s'achève, un autre commence. A ce moment-là, personne ne s'en rendit compte.
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L'intimité est le paradis - et l'enfer. Nous tombons amoureux de ce que nous ne connaissons pas encore. L'amour est ce qui arrive à la passion une fois que I'intimité s'est installée. Si nous avons de la chance.
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- Je suis désolé de ce qui s'est passé avec Internet, dit Daniel.
- Et que s'est-il passé avec Internet ?
- Nous n'y avons plus accès. Et pas de téléphone non plus, se plaint Cornelia.
- Mais on a cette lumière, mon amie. Le ciel d'Afrique. La mer si différente de la nôtre. As-tu une seule fois nagé dans l'océan Indien ?
- Il faut que je travaille.
- Nous sommes des écrivains. Notre travail consiste à absorber la lumière, comme les plantes. A transformer la lumière en matière vivante. Est-ce que tu arrives à écrire sans commencer par t'enchanter ?
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Pendant très longtemps, les critiques européens ont exigé que nous n’écrivions pas sur l’Afrique. L’Afrique telle qu’ils l’imaginent. Un écrivain africain qui aurait choisi, je ne sais pas, d’écrire un roman sur la guerre civile d’Espagne serait pris pour un fou furieux. Cela a changé, heureusement.
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«C’est ainsi que tout commence: un énorme éclair déchire la nuit, l’île se détache du monde. Un temps s’achève, un autre commence. A ce moment-là, personne ne s’en rendit compte».
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[Daniel] enfile un tee-shirt et un bermuda, chausse des tongs et sort dans la rue en imaginant ls pires scénarios. C'est ce qu'il fait toujours quand il a peur que quelque chose s de mauvais risque de se produire. Le futur, croit-il, est bâti de façon à démentir n'importe quelle prévision. Si nous imaginons un événement, avec un maximum de détails, celui-ci ne s produit presque jamais, ou tout au moins jamais comme nous l'imaginons.
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