seuls les idiots n'avaient peur de rien
A Salvation la réputation des gens était une affaire sérieuse!!
Sans prévenir, il s'approcha de moi et m'embrassa. Il y avait à la fois de la rage et de la passion dans ce baiser.
-Dis-le, Trèfle.
-Viens avec moi.
Il me fit un grand sourire. Je ne pus m'empêcher de me rapprocher de lui attirée par sa beauté sauvage.
-Ne me demande pas de t'abandonner, colombe. Demande-moi tout, sauf ça.
Avant, les Monstres représentaient une menace que je devais éradiquer pour protéger les plus faibles. Désormais, je les haïssais du plus profond de mon être, car ils m'avaient pris quelqu'un que j'aimais. J'avais découvert le concept de l'amour à Salvation, et je comprenais son sens de manière instinctive. Cela ne pouvait pas s'expliquer avec des mots. C'était comme un rayon de soleil. Comme l'infinie étendue d'eau qui m'avait laissée sans voix après avoir quitté les ruines. Contrairement à ce que je pensais jusque-là, l'amour ne m'avait pas rendue faible. Au contraire.
-Oublie-moi, reprit-il. Et arrête de me supplier du regard. Je ne peux t'offrir ce que tu cherches.
Il retourna sur ses pas, ftroid comme la glace et vide comme le vent. Et il me laissa mourir à petit feu. Dans le silence.
-D'après Doc Turtle, tu vas guérir rapidement.
Guérir, pensai-je. Les plaies guériront, oui. Mais qu'en serait-il de celles qui n'étaient pas visibles ?
Pour Del, le monde était devenu si cruel qu'il préférait en rire. Rire de la mort.
Le soleil se coucha peu à peu et laissa place au ciel étoilé. Avant, je pensais que les étoiles étaient des torches. J'imaginais qu'elles appartenaient à un peuple ailé qui vivait dans les nuages. [....] Parfois la vérité tuait la magie.
Je n'avais pas confiance en cette douceur sournoise qui me transformait de jour en jour. Si je devenais la fille du reflet, je n'arriverais plus à me protéger. Ni physiquement, ni moralement. Je refusais d'en arriver là. Je me sentais coupée en deux, au coeur d'une guerre que moi seule pouvait arrêter.