-Il me tarde de te voir en robe, murmura-t-il. Et avec tes cheveux détachés
Ses mots me firent rougir. Del s'apprêtait à passer la soirée avec Trèfle la fille, pas Trèfle la Chasseuse. Cela m'intimidait . Ma féminité n'était pas ma meilleure amie. Je la connaissais peu, et , avant l'arrivée de Del dans ma vie, elle m'était carrément inconnue.
La Chasseuse était plus forte que l'amoureuse.
Jusque-là, je ne m'étais pas rendu compte à quel point je ressemblais à mes couteaux : ils étaient froids et tenaient les gens à distance. Comme moi.
-Cher Créateur, dit-elle. Protégez-nous [...]
La toute première fois, je l'avais coupée dans son élan pour lui demander à qui elle parlait. Elle m'avait expliqué qu'elle s'adressait à un être qui vivait dans le ciel et qui veillait sur nous. Je ne voulais pas la vexer, mais je trouvais que cette personne faisait un sale boulot...Vu l'état du monde, on aurait dit qu'il veillait davantage sur les Monstres que sur les humains.
- Parfois, la vérité n'est pas aussi horrible qu'on l'imagine.
Parfois.
Parfois, il valait mieux attendre de se lancer dans une misson plutôt que de s'y jeter les yeux fermés.
J'en conclus qu'il était dangereux d'aimer. Cela ne pouvait mener qu'à la souffrance. Mais je savais aussi qu'une vie sans amour n'en valait pas la peine.
deux monstres se ruaient sur le mur. Veinard dégaina Mémère en soupirant et en tua un. Cela paraissait injuste... Ces créatures étaient complètement vulnérables et n'avaient pas d'armes pour se défendre à distance. Seulement... Je ne dois pas penser ainsi, décidai-je.
Le monstre survivant s'agenouilla à côté de son compagnon et poussa un cri perçant, qui résonna à travers la forêt en contrebas. C'était un cri empli de haine. Comme si nous étions les monstres.
- Les gens cherchent toujours des explications à tout, reprit-il. Et, lorsqu’ils ne trouvent pas de réponse, ils les inventent. Pour certains, une fausse explication vaut mieux que rien.
- Je préférerais connaître la vérité, murmurai-je. Même si elle est horrible.
-Parce que tu es courageuse et honnête, Trèfle.
- Et toi ?
- J’essai de l’être.
Il prit mon visage entre ses mains et m’embrassa. cela me fit oublier toute la conversation. Sa bouche avait le goût du cidre qu’il avait bu au dîner et il avait les lèvres chaudes. Il caressa mon dos et me serra de plus en plus fort contre lui. Je passai ma main sur sa joue puis la glissai dans ses cheveux. Une chaleur de plus en plus intense s’empara de moi… Je me retins même de lui grimper dessus ! Lorsque nos bouches se séparèrent, Del tremblaient comme s’il avait de la fièvre. Inquiète, je posai ma main sur son front.
- Je ne suis pas malade, rigola-t-il. Tu n’as pas conscience de ton charme, Trèfle.
Mon charme ? Je ne savais même pas que j’en avais…
C’est sûrement à cause de la robe, pensai-je.