Tous les chemins mènent à Rome, tous les films ne mènent pas en Sardaigne. Mais peu importe où cela nous mène pourvu que cela soit vers la plus belle des îles : l'Imaginaire.
C'est à ce point précis de la création que l'auteur et la cinéaste
Nicole Garcia, se rencontrent.
Mal de pierres, folle d'amour, la vie, les autres, le corps, le ventre, le coeur , à quel moment tout cela nous saisit-il, nous transforme-t-il, nous emporte-t-il, nous guérit-il ?
Toutes les familles ont une histoire mais chacun de ceux qui la composent ont avant tout leur histoire.
Une famille c'est un ensemble, pas un tout.
Mal de pierres. La Sardaigne... cette île incroyable ni italienne ni corse . Bercée par deux mers. L'île de pierre navigue sur l'eau.
De quoi sommes nous faits ? de nos rêves, de nos amours, de nos imaginaires ? de nos partir, revenir, de nos larmes, de nos rires, de nos renoncements, de nos refus, de nos colères, ou de tous nos mille et un instants de bonheur ? D'un ensemble, et pas d' un tout.
L'Amour : le sujet principal de ce livre.
L'amour dans le vivre, le souffrir, le dire, le sourire, l'écrire. Parce que c'est aussi le sujet de ce livre : l'écrit, de celles qui écrivent. Des raisons à écrire, à le cacher ou à le dire. Et si écrire était aussi un acte d'amour. Et si ce n'était que cela, ou alors son manque. La peine du manque. Une recherche, une quête, ...un pays peut être. Une île sans aucun doute.
Car la Sardaigne ne cesse de mettre au monde des écrivains, des poètes.
On parle de nouveau printemps sarde, d'une nouvelle vague littéraire. Il doit y avoir entre ces rives quelque chose de particulièrement beau et puissant pour faire naître un tel courant. Un puits ? Un volcan ? Une mine de pierres ? ...D'obsidienne ! C'est peut être ça, cette pierre qui fait apparaître la vérité et chasse les illusions. Enfin ...j'imagine,... l'auteur me pardonnera.
Il existe une langue sarde, et à la lecture de ce roman je sais que j'aimerai pouvoir l'entendre. « Cantare a bolu ».
Milena Agus m'a surprise . Surprise par la jeunesse de la construction de son récit et par la maturité, par une certaine patine qu'elle a su donner à ses personnages. Cela crée une poésie, une innocence, une beauté, une légèreté, toujours présentes lors de sa narration.
Tout cela est imaginaire nous explique l'auteur dans sa postface « comme une funambule ». Mais faut-il encore avoir un imaginaire comme le sien chevillé au corps pour écrire d'une façon aussi vraie, juste, exacte la complexité des rapports amoureux, conjugaux, familiaux, pour décrire la beauté de la douleur d'aimer ; pour parler de nostalgie tout en écrivant les lettres de l'espoir.
Peut on imaginer une blessure, une solitude, une renaissance ? Ecrire c'est guérir et grandir, c'est mourir et renaître.
Milena Agus y parvient. Alors, rêve, imaginaire...il suffit de quelques cailloux pour retrouver son chemin. Faut il encore qu'ils brillent dans la nuit. Et ceux de
Milena Agus sont extrêmement brillants.
« Mal di pietre » est paru en 2006 aux editions Nottetempo, en 2007 aux éditions Liana Levi ( traduction de l'italien par
Dominique Vittoz ),
Le
mal de pierres, film de
Nicole Garcia est sorti sur les écrans francais en octobre 2016.
« Pour que je puisse raconter l'histoire en mon nom, il fallait que je me l'approprie librement. On peut s'éloigner d'un livre sans le trahir et je pense que c'est ce que nous avons fait au long de l'écriture du scénario avec
Jacques Fieschi. Oui, nous avons modifié, développé, inventé, mais je n'ai jamais perdu de vue, ce qui vibrait profondément dans ce récit, la raison même pour laquelle je l'aimais".
Nicole Garcia.
Pour avoir lu le livre et avoir vu le film : il s'agit d'une très belle rencontre.
« Si je devais ne jamais te rencontrer, fais qu'au moins, je sente le manque de toi. » Pensée d'un soldat dans le film La ligne rouge.
Astrid Shriqui Garain