AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Jeunes Croyances (11)

Aimer-Penser…


Extrait 1

Cœur naïf ! j'avais cru pouvoir à tous les yeux
Dévoiler mes douleurs comme en face des cieux,
Et trouver pour mon âme une âme,
Une seule parmi la foule des humains,
Un inconnu qui vînt me prendre les deux mains,
Un seul amour d'homme ou de femme !

Pauvre fou ! je croyais à la sainte pitié
Qui verse doucement et longtemps l'amitié
Sur les blessures d'un cœur triste,
Et je ne savais pas, — honte ! — qu'au lieu de pleurs,
Le monde, gai toujours, donne à toutes douleurs
Un éclat de rire égoïste !

C'est bien ; — je garderai pour toi, dont je suis sûr,
Pour toi seule et pour Dieu mon malheur calme et pur
Que salirait la foule avare,
Et grand par ma douleur, et grand par mon orgueil,
Si dans des vers badins je lui cache mon deuil,
Elle me jouera sa fanfare !


p.10-11
Commenter  J’apprécie          100
TROISIÈME PARTIE.
I - Amours.


De tout temps mes amours furent des songes vagues ;
Je n’ai causé tout bas qu’aux nymphes, dans les bois,
Et, sur le bord des mers, ces sirènes, les vagues,
Me font seules vibrer aux accords de leur voix.

Mon âme est fiancée à l’humble solitude :
Son chaste baiser plaît à mon front sérieux ;
Je connais de profonds ombrages où l’étude
A des charmes plus doux pour l’esprit et les yeux.

Je suis l’amant rêveur des récifs et des grèves,
L’insatiable amant du grand ciel inconnu ;
Je ne retrouverai la vierge de mes rêves
Qu’en l’immortel pays d’où mon cœur est venu.

La vertu de l’amour, l’homme en a fait un crime !
Je ne veux pas aimer comme on aime ici-bas,
Et ce cœur, façonné pour un élan sublime,
Tant qu’il pourra monter ne se posera pas !

J’ai pourtant vu passer dans le vol de mes stances
De blanches visions, filles de mon désir,
Mais je n’aime d’amour que mes jeunes croyances :
Espoir dans le printemps, et foi dans l’avenir !
Commenter  J’apprécie          90
"Quand l'Homme le voudra, c'est lui qui sera Dieu."

(extrait du sonnet "Deux athées")
Commenter  J’apprécie          10
DEUXIÈME PARTIE.
IX - L'Ame.


Pour le Papillon et l’Âme
La Grèce avait un seul nom ;
Ô poëtes ! je proclame
Que la Grèce avait raison.

L’Âme et l’insecte ont des ailes
Pour fuir la terre et le mal ;
Ces deux Psychés ont en elles
Un introuvable idéal.

Leur inconstance suprême,
Leur course de fleur en fleur,
C’est la constance elle-même
Courant après le bonheur.

Toutes deux n’ont qu’une essence...
Dieu, l’ayant fait de sa main,
Souffla l’âme et l’existence
Au père du genre humain.

Un peu de l’haleine douce,
De l’haleine du Seigneur,
Toucha, dans l’herbe et la mousse,
La corolle d’une fleur.

Or, tout à coup, la corolle
S’est émue, et, vers les cieux,
Palpitante, elle s’envole,
Blanc papillon radieux ;

Car l’Éden parmi les branches
Des profonds pommiers tremblants,
N’ayant que des âmes blanches,
N’eut que des papillons blancs.

Mais, depuis le péché d’Ève,
Dans les clartés de l’éther
Nul papillon ne s’élève
Qu’il n’ait rampé comme un ver.

Ô mystère ! Ève et sa pomme
Rejettent loin du ciel bleu,
Dans la chrysalide et l’homme,
L'Ame, le souffle de Dieu !

6 septembre 1866.
Commenter  J’apprécie          10
DEUXIÈME PARTIE.
VI - Aquarelle.
À V. Courdouan.


L’ombre est lumineuse : à travers les branches
Le bon Dieu sourit et le ciel descend ;
Le vent du matin cueille les fleurs blanches ;
La nature parle et l’âme comprend !

Tout semble pensif : la terre travaille ;
Le bourgeon gonflé boit les feux du jour,
Et le lierre tresse un pan de muraille
Où va, gracieux, se nicher l’amour !

L’insecte s’éveille au sein de la rose,
Dont l’air embaumé fait un doux berceau ;
Le divin secret sort de toute chose ;
La chanson du nid vole avec l’oiseau ;

Et le ruisseau bleu joint à ce mystère
Le bruit éternel et mystérieux,
Le bruit du baiser qu’il donne à la terre,
Qu’il jette aux amants, qu’il envoie aux cieux !

La Crau d’Hyères, 1865.
Commenter  J’apprécie          10
DEUXIÈME PARTIE.
V - Voici le frais matin...


Voici le frais matin, mais tout sommeille encore ;
Les arbres sont rêveurs dans l’immobilité,
La nuit trace au fusain des tableaux que l’aurore
Couvrira d’un pastel sublime, la clarté !

Les oiseaux ont encor la tête sous leur aile ;
L’insecte, dans la fleur, n’ouvre pas ses rideaux,
Et l’onde dit un chant si timide et si frêle
Qu’on croirait qu’elle a peur dans le lit des ruisseaux.

Le silence est partout. L’infini se recueille ;
Les pâles visions meurent avec la nuit,
Et l’homme sous son toit, la bête sous sa feuille,
Éveillés ou dormant, ne font encor nul bruit.

Tout à coup le soleil paraît. L’azur flamboie,
Et la terre au grand ciel jette son cri d’amour...
Ainsi, quand tu surgis à mes yeux pleins de joie,
Délivré de la nuit, je chante un hymne au jour !

La Garde, 20 juin 1866.
Commenter  J’apprécie          10
DEUXIÈME PARTIE.
II - Le Parfum Des Pervenches. Enfantine.


Bonne Vierge, écoutez ma voix, je vous en prie !
Hier, parmi les bouquets vivants de la prairie,
Je cueillis, en tressant ma guirlande, une fleur
Dont le calice bleu n’exhalait nulle odeur.

« La pervenche, pour nous, dit ma mère chérie,
Est toujours sans parfums célestes, car Marie
Par les anges en fait dérober la senteur,
Et leurs tremblantes mains la portent à son cœur.


« Mais quand l’hiver flétrit les plantes qui frissonnent,
Pour embaumer les cieux les chérubins moissonnent
Les âmes des petits innocents comme toi. »

Vierge, ayant écouté, tout joyeux, ces paroles,
J’ai des fleurs du jardin ravagé les corolles,
Pour que tes messagers n’y trouvent plus que moi !

Nîmes, 1864.
Commenter  J’apprécie          10
PREMIÈRE PARTIE.
IV Dans les taillis vivants...


Dans les taillis vivants l’insecte se promène;
Oh! la grande herbe verte et le grand bois profond !
Dieu travaille: oubliez ce que les hommes font.
Les oiseaux tout joyeux jasent dans le vieux chêne ;
L’air est calme; le ciel resplendit; c’est le jour,
C’est le soleil fécond, le sourire, l’amour.

La terre ténébreuse est un funèbre abîme.
De longs nuages noirs se déroulent là-bas ;
La foudre, sans éclairs, jette de sourds éclats.

L’heure sombre est parfois la complice du crime ;
C’est le ricanement, le deuil, l’horreur, la nuit !...

Le jour est dans mon coeur, la nuit en mon esprit.

Toulon, 15 avril 1866.

Commenter  J’apprécie          10
Aimer-Penser…


Extrait 4

« Votre immense mépris, je le compte pour rien,
Pour rien vos paroles amères !
« Je suis plus grand que vous, car je travaille au Bien !
J'ai pitié, moi, de vos misères !

Et je vais seul... j'avance : en ma force j'ai foi ;
Je suis l'homme du sacrifice !
Et quand vous serez tous insensés comme moi,
Alors régnera la justice ! »

C'est afin de plus tôt les accabler ainsi
Que je ne veux pas mettre à leur folle merci
Plus longtemps mon âme brisée ;
Désormais nul d'entre eux ne saura ma douleur :
À toi je veux livrer ma pensée et mon cœur !...
Ils n'auront, eux, que ma pensée !
Commenter  J’apprécie          00
Aimer-Penser…


Extrait 3

« Ah ! vous traitez encore d'insensés les penseurs,
Les libres rêveurs, les poètes,
Qui, — lorsque vous croisez vos haines, — âmes sœurs
Gémissent sur ce que vous faites !

« Ah ! vous pourriez trouver dans l'éternelle paix
Une félicité profonde,
Et vous ne voulez pas, et vos esprits épais
Se vautrent dans la nuit immonde !

« Vous célébrez en chœur arlequins et bouffons ;
Vous pensiez que, bête acrobate,
J'avais fait pour mon âme un habit de chiffons ;
Que mon vers était une batte ?

« Eh bien, détrompez-vous : quand j'ai pleuré, méchants,
Contre moi vous tourniez vos armes ;
Lorsqu'ils semblaient rieurs, vous admiriez mes chants,
Ignorant qu'ils étaient des larmes !
Commenter  J’apprécie          00




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (2) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1223 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}