Citations sur La Guerre des trois Henri, tome 3 : La ville qui n'ai.. (17)
Le Grand prévôt Richelieu mourut en 1590, après avoir servi fidèlement le nouveau roi. Il laissa à sa mort, un jeune garçon de cinq ans nommé Armand qui devait devenir évêque de Luçon et premier des ministres de Louis XIII.
Malgré sa foi catholique, le Grand prévôt avait rejoint le roi de Navarre sans réel état d'âme. Pour Richelieu la loi salique primait sur la religion et Henri de Bourbon était à la fois l'héritier légitime et celui que Henri III avait désigné.
Ainsi, soumis dans l'apparence, le Béarnais n'en était pas moins le maître. Il avait imposé ses conditions en obtenant Saumur, qui lui ouvrait la Loire, et il s'était fait aimer de tout un peuple qui acceptait désormais de lui donner la belle couronne de France.
Allié de Henri III, il se faisait déjà saluer pour son successeur par ses nouveaux compagnons de bataille.
Paris n'aimait pas son roi, ou plutôt ne l'aimait plus. Les liens étaient consommés, et comme dans les couples désunis, l'aversion avait remplacé l'amour.
L'unique objet de leur conversation était la mort d'Henri de Condé que tous avaient connu. Les plus fervents se souvenaient de sa foi rigoriste, de son amour de Dieu et de sa haine du vice. Les plus vaillants se rappelaient son courage insensé, son héroïsme, son besoin de gloire et d'honneur.
Olivier écoutait sans participer à la discussion. Personne ne parlait de la bêtise du prince, de son manque de jugement, de sa fierté imbécile. Mais depuis qu'Olivier était soldat, il avait appris que la mort emportait à la fois l'âme et les défauts des disparus.
- Sire, dit Crillon, colonel des gardes françaises, qui haïssait le duc, je suis bon serviteur de Votre Majesté. Qu'elle m'ordonne de me couper la gorge avec le duc de de Guise, je suis prêt à obéir ; mais que je serve de bourreau et d'assassin n'est pas ce qui convient à un soldat.
.../...
J'ai déposé des actes à l'étude Fronsac, rue des Quatre-Fils. Maître Fronsac est un homme de confiance.
- J'ai votre parole d'honneur ? Êtes-vous gentilhomme ?
- Je suis Maximilien de Béthune, celait devrait vous suffire, lâcha Rosny avec hauteur.
- Rosny ? fit Boisdauphin décontenancé.
Henri III l'ignorait, mais il ne rentrerait jamais dans cette ville qui ne le voulait plus. Pourtant, sa fuite était le dernier cadeau qu'il offrait à ses habitants. Ce n'était pas la vaillance du duc de Guise ou la fureur des ligueurs qui le faisait partir. C'était seulement son amour envers son peuple.
Deux ans après son départ, Olivier ressentait à quel point combien cette ville sale, bruyante, violente, ingrate et intolérante lui avait manqué. Il songea à ce que lui avait dit son ami Montaigne :
"Paris a mon cœur, je l'aime tendrement jusqu'à ses verrues et à ses taches."