Citations sur Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome .. (11)
[La troupe après un long périple arrive à Orléans]
Progressant lentement, Edward avait le loisir d'observer les maisons. La plupart étaient construites en pierre avec des façades aux pans de bois peints et sculptés de façon raffinée. Poteaux et encadrements de fenêtres étaient également ciselés. Toutes disposaient de boutiques aux étals bien approvisionnés et dont les marchands n'hésitaient pas à interpeller le chaland. Le clerc [Holmes] songeait au prodigieux contraste entre cette riche cité et Paris. Dans la capitale régnaient la misère et la famine, tandis qu'ici, ville armagnaque, la prospérité s'affichait avec insolence. Cette dissemblance prouvait que la guerre avait surtout ruiné le Parisis, la Picardie, la Champagne et la Normandie, où la présence anglaise ne provoquait que ravages et malheur. L'Angleterre ne profitait en rien de son occupation. Pis, en constatant cette opulence, Edward concluait que le roi de France trouverait toujours des ressources pour lever de nouvelles troupes, et qu'une défaite comme celle de Verneuil serait vite surmontée.
[...] Quitter Paris impliquait de présenter à la garde des portes un laissez-passer du duc de Bedford, lequel assiégeait Gaillon. Au demeurant, le duc ne leur accorderait jamais un tel passeport et les ferait même emprisonner pour trahison s'ils le demandaient. Plusieurs Parisiens qui avaient essayé de se rendre au-delà de la Loire étaient désormais suspendus par le col à Montfaucon. En outre, un laissez-passer anglais ou le sauf-conduit de Yolande d'Aragon ne rendraient pas le périple moins périlleux. Entre la Seine et la Loire, toutes sortes de compagnies d'Armagnacs, de Bourguignons ou d'Anglais faisaient la loi. Les plus redoutables ne vivaient que des rapines et de pillages. L'indiscipline, la fureur, la méchanceté et le brigandage les commandaient. Quand ces fredains rencontraient des voyageurs, ils les dépouillaient jusqu'à la chemise et, quand ils ne les branchaient pas, ils les écorchaient pour s'amuser. Ne les nommait-on pas les écorcheurs ?
_ Mon frère était maréchal d'Angleterre . Il a été tué à Baugé , et ,mon père , baron de Roos , était un compagnon de Henri IV avant même que que ce dernier ne devienne roi . Mais je ne suis qu'un bâtard et , à la mort de mon frère , des membres de ma famille m'ont rejeté . Je me suis retrouvé seul et sans ressources à Paris .
Heureusement que j'avais Gower Watson , un ami fidèle ( il le désigna ) . P. 335
Toute la nuit , d'âpres débats animèrent les occupants et les habitants de la ville . Ces derniers ne voulaient plus des Armagnacs qui les condamnaient inéluctablement à la famine ou à la mort . Car , nul doute qu'un siège serait épouvantable : Les Anglais étaient passés maîtres dans ce genre d'entreprise et chacun se souvenait de celui de Rouen conduit par Henri V : les habitants affamés avaient fait sortir femmes et enfants en suppliant le roi anglais d'être miséricordieux envers eux , mais le Lancastre n'avait pas cédé et les pauvres gens étaient tous morts de froid et de faim , ou tués par les flèches anglaises lorsqu'ils tentaient de gagner le camps des assiégeants .
Quant aux défenseurs , une fois la ville prise , ils avaient dû payer une énorme rançon et nombre d'entre eux pourrissaient toujours dans des cachots . P. 299
Edward ne répondit pas immédiatement . Son esprit lucide , froid , admirablement équilibré , répugnait à tout sentiment d'attendrissement . Seul le raisonnement avait de l'importance pour lui , et rien dans l'histoire de la jouvencelle ne le convainquait . Malgré cela , il lui déplaisait de ne pouvoir l'aider . P. 209
_ On m'a seulement appris au palais que vous connaissiez les poisons et leurs antidotes .
- Juste . En voulez-vous ? Quel genre de mort souhaitez-vous pour votre ennemi ? Douloureuse , rapide , heureuse ? persifla le mage .
Holmes se mit à rire .
_ Aucune , je suis clerc et je n'ai que rarement souhaité la mort d'une créature de Dieu . P. 93
- Maitre Holmes, messire Watson, je vous dois la vie et ma fortune. Vous m'avez sauvé en me prévenant des poursuites contre moi, il y a deux ans, et vous m'avez permis de revenir à Paris. Je crois être un homme fidèle et de parole, et vous me trouverez à votre service en toutes circonstances.
- Serez-vous fidèle au duc de Bedford ? s'ensuit sévèrement Watson.
- J'ai juré de l'être et je n'ai jamais failli à mes serments.
- Alors nous pourrons être amis, conclut Holmes en lui tendant un verre. Nous sommes anglais, et si nous souhaitons comme vous que cette guerre se termine, nous sommes avant tout des sujets de notre bon roi Henri VI.
- Comme roi de France ou comme roi d'Angleterre ? s'enquit Lallier.
Holmes n’hésita pas :
- D'Angleterre.
Le silence s'installa car le bourgeois mesurait l'importance de l'affirmation qu'il venait d'entendre.
- En bref, j'ai des ennemis, Jeanne de Barbazan également. Sont-ce les mêmes ? Possible. De plus, des bouchers ont tenté de me faire un mauvais sort à Chartres. Et ces écorcheurs avaient été vus avec des gentilshommes en armure. Aussi comprenez que je m'interroge sur ces Anglais derrière nous.
- Si vous voulez, je leur tombe dessus cette nuit et je règle le problème, suggéra La Hire avec un sourire cruel.
Cette fois, ce fut Watson qui écarquilla les yeux.
- Mais s'ils sont ceux qu'ils disent ? Nous ne voulons pas faire massacrer nos compatriotes ! s'insurgea-t-il.
- Allez à leur rencontre, mon maître, suggéra le jeune Estévenot. Et questionnez-les !
- Êtes-vous Edward Holmes ?
- Je le suis. A qui ai-je l'honneur ?
- Étienne de Vignolles. Mes ennemis me surnomme aussi la Hire-Dieu.
Ils passèrent une petite forteresse, le Châtel-Sarrasin, qui protégeait la porte Notre-Dame, une fortification flanquée de deux grosses tours. De nombreux campements de fortune étaient érigés au bord de l'eau. Certains ne comprenaient qu'un ou deux pavillons de toile à toit conique, d'autres plusieurs brehants en peau de vache peinte et décorée, avec de véritables chambres et des écuries.(p.125)