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Citations sur Prins (8)

Le roman gothique tel que je le pratiquais n'était qu'une combinaison éculée des mêmes ingrédients à n'en plus finir. Je les connaissais par coeur : le manuscrit médiéval retrouvé au fond d'un coffre dans le grenier d'un couvent, écrit en grec ou en araméen et traduit par un moine errant providentiel ; le château en haut de la montagne, encerclé par une fosse profonde, avec son pont-levis, ses pièces délabrées, ses arches à l'abri desquelles les chauve-souris allaient se cacher ; le méchant comte, seigneur et maître des lieux, si possible après avoir usurpé le domaine ; la belle demoiselle orpheline enfermée dans un cachot tant qu'elle refuse de céder aux avances lascives du seigneur féodal ; le jeune garçon élevé par des paysans qui l'ont trouvé abandonné dans une forêt, la chevalière en or gravée d'un dessin étrange posée à côté de lui, si possible également une marque de naissance à l'épaule, en forme de flèche, de croix ou d'étoile ; le vieux prêtre qui a gardé quarante années durant le secret qui lui a été confié par la reine ou la duchesse sur son lit de mort ; le spectre qui ne cesse de déambuler en haut des tours tant que n'aura pas été versée la dernière goutte de sang du dernier descendant des usurpateurs ; la statue qui prend vie, la rose qui saigne, les catalepsies prolongées, les bruits inexpliqués ; et, pour circuler parmi toutes ces fadaises, les sempiternelles portes dérobées, passages souterrains, tunnels, couloirs interminables éclairés par une seule bougie qu'un courant d'air intempestif vient éteindre à minuit ...
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On ne devient pas écrivain du jour au lendemain. C'est un processus si long que plusieurs vies successives ne peuvent en venir à bout. Des mondes remplis d'expérience doivent s'accumuler dans la mémoire et dans l'oubli avant qu'on ose mettre un mot sur la page. Avant cela, il faut avoir laissé mûrir la volonté de s'asseoir devant cette page, en faisant provision de courage et de confiance ; bref, parvenir à se croire écrivain. Et ce n'est que le commencement, car une fois que l'estime de soi a fait son travail et que l'expérience a conclu sa dernière leçon, reste le plus difficile : savoir quoi écrire.
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Une page devait être suivie de nombreuses autres pour former un livre, et un livre écrit n'était pas un livre publié, de même qu'un livre publié n'était pas, loin de là, un livre vendu.
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La littérature de genre pousse, voire force à la quantité. Pour commencer, on exige d'elle une faible qualité, car la densité de la qualité littéraire rend la lecture malaisée, or la littérature de genre est conçue pour une lecture sans effort, avec plaisir. (...) Dans ces conditions, on peut écrire vite. Les lecteurs, à leur tour, lisent vite, parviennent rapidement au bout du livre, en veulent un autre.
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J'avais l'impression de lui avoir sauvé la vie. Pour l'en convaincre, je lui ai montré le journal : fusillade dans la rue Hong Kong, des morts, des blessés, un gratte-ciel s'effondre. Il a violemment repoussé mes bonnes intentions, et m'a fait remarquer, avec un mélange d'ironie et de rage, que ce que je lui montrais était une publicité pour la sortie du film 'King Kong' : j'ai fermé les yeux pour essayer de mieux distinguer les lettres imprimées ; l'opium me faisait légèrement divaguer, mais tout de même pas à ce point.
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Cesser d'écrire, pour toujours, liquider la dette pérenne de l'écriture, voilà qui me laissait la liberté de m'organiser, dans un seul but : me sentir bien. Il ne me restait qu'à trouver la bonne occupation de substitution ; problamement était-elle à portée de main cachée dans la grande encyclopédie du monde ; je n'avais qu'à tourner les pages une à une, et en profiter pour me distraire en regardant les images.
Après y avoir sobrement mais consciencieument réfléchi, je me suis décidé pour l'opium.
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[...] La littérature en elle- même m'importait peu. Mais j'allais bien devoir m'y confronter d'une façon ou d'une autre si je voulais être écrivain. Et c'était justement ce que je désirais le plus au monde. J'allais devoir marcher prudemment le long d'un sentier étroit bordé de précipices. Le but était d'assumer l'identité de celui qui exerce un métier dont personne ne sait au juste en quoi il consiste et de gagner le respect superstitieux de mes congénères le blindage qu'offrent la peur et l'ignorance. Personne ne sait clairement en quoi consiste la littérature, ni ce que fait un écrivain ; alors on le laisse tranquille, à l'abri dans l'aura que la société lui construit, dans cette bulle composée à parts égales de respect et de dégoût. [...] - p. 124
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Il n'avait pas la moindre intention de s'en aller.Il n'avait nulle part où aller, a t-il déclaré avec une candeur désarmante. "Mais...l'Antiquité..." Il a tristement fait non de la tête : une fois qu'on en sortait, on ne pouvait plus y entrer. J'en suis resté bouche bée. J'ignorais si je me trouvais en face d'un phénomène surnaturel, un abus de métaphore ou un petit malin qui était tombé sur un gros poisson taillé à sa mesure.
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