AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La religion de ma mère (7)

« Ma mère priait Dieu avec ses gestes. C’est avec ses mots qu’elle célébrait l’esprit des ancêtres. Sa Mecque, c’était sa terre. Ses prophètes, c’étaient ses enfants. Je me rappelle ce qu’elle a répondu à mon frère lorsqu’il lui a fait remarquer qu’elle priait dans la direction opposée à La Mecque :
— Je prépare le couscous, je surveille la marmite.
En me voyant m’initier à la prière, accroupi, mon front touchant le sol, elle a gloussé de ma naïveté :
— Va jouer avec tes copains ! Dieu n’a inventé la prière que pour les croulants. C’est pour qu’ils obtiennent leur ticket vers le paradis.
Si tous les Algériens avaient entendu le conseil de ma mère, ils auraient épargné à leur pays une décennie de sang et de folie.
Je ne suis d’aucune religion. Je suis de la religion de ma mère. »
Commenter  J’apprécie          190
« Le mot Allah est devenu la devise algérienne. Il est partout : dans toutes les bouches, dans toutes les têtes, sur tous les murs, dans tous les disques, tous les téléphones, tous les livres, les assemblées, les écoles, les gares, les bordels. On le met à toutes les sauces. On le déverse dans tous les tagines. On le mélange à toutes les épices. On le dit pour être aimable, pour séduire, mais aussi pour corrompre. Untel est violent, il hurle : « Allah est grand. » Un autre est charitable, il chuchote : « Allah est miséricordieux. » Dieu n’espionne pas les Algériens du ciel. Il est parmi eux. Il vit en eux. Il pense à leur place. Il est dans la cuisine. Il est caché dans les institutions et les lois. Il est le guide. Il régit la vie. Il s’occupe des affaires de la cité. Les citoyens sont ses sujets. Il surveille leurs mœurs. Il contrôle la virginité des filles. Il fait la chasse aux mécréants. Il ordonne la fermeture des bars. Allah fait la politique. Allah est chef de guerre. Allah est roi. Allah est chez lui en Algérie. »
Commenter  J’apprécie          130
J'ai égaré mon enfance dans ta maison désormais vide. Là où je me retourne, un souvenir me secoue. Là où je regarde, un fantôme se découpe dans une écharpe de poussière.
C'est ici, dans ton lit, dans ta masure, dans ton village, dans ton pays, que j'affronterai tes larmes et tes soupirs.
Ô mère qui dort, figée à jamais dans le jardin des morts !
Commenter  J’apprécie          70
Ma mère aimait l’eau. Ma sœur à son bras, elle s’en allait très tôt à la fontaine. Elle remplissait une amphore. Elle en lavait les parois avec les feuilles capiteuses du lentisque. Quand j’ai eu six ans, elle m’a habillé d’un tablier, m’a sanglé un cartable aux épaules et m’a conduit à l’école. Au sortir de la maison, elle m’a aspergé d’eau bénite en balbutiant une formule incantatoire. Elle m’a dit : Aman d laman, llakul d tukksa n wurfan. (L’eau, c’est la foi ; l’école efface la misère.)
Elle n’était pas religieuse, ma mère. Elle se disait musulmane, en réalité elle se comportait comme une païenne. Elle avait l’habitude d’embrasser le tronc de l’olivier saint du village. On prétendait que s’y cachait un patron aux pouvoirs magiques. Au pied du vieil arbre, elle allumait des bougies. Elle déposait des pots votifs, des beignets et des pièces de monnaie que nous chapardions la nuit.
Ma mère priait Dieu avec ses gestes. C’est avec ses mots qu’elle célébrait l’esprit des ancêtres. Sa Mecque, c’était sa terre. Ses prophètes, c’étaient ses enfants.
Je me rappelle ce qu’elle a répondu à mon frère lorsqu’il lui a fait remarquer qu’elle priait dans la direction opposée à La Mecque :
— Je prépare le couscous, je surveille la marmite.
En me voyant m’initier à la prière, accroupi, mon front touchant le sol, elle a gloussé de ma naïveté.
— Va jouer avec tes copains ! Dieu n’a inventé la prière que pour les croulants. C’est pour qu’ils obtiennent leur ticket vers le paradis.
J’ai plié le tapis et rangé le Coran. Si tous les Algériens avaient entendu le conseil de ma mère, ils auraient épargné à leur pays une décennie de sang et de folie.
Je ne suis d’aucune religion. Je suis de la religion de ma mère.
Commenter  J’apprécie          60
"Dans ce monde, on a tout inventé : le suppositoire, le satellite, le sous-
marin, le drone, le bikini, le kamikaze. On a tout créé. Sauf le vaccin qui éradiquera la bêtise. La peste, ce n’est plus le rat qui la propage, mais l’homme. Pour tuer le virus en lui, il faut lui piquer la fesse. Ou le cerveau. C’est lui qui crache les sottises."
Commenter  J’apprécie          50
« Écrire, c’est coudre ses blessures
avec la pointe de son stylo.» Karim Akouche
Commenter  J’apprécie          50
"L’enfance est un conte qui ne dure pas. La nuit, on le lit. À l’aube, on l’oublie. Le jour, il se dissipe. Au crépuscule, il devient cendre et poussière."
Commenter  J’apprécie          20




    Lecteurs (71) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Petit quiz sur la littérature arabe

    Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

    Gibran Khalil Gibran
    Al-Mutannabbi
    Naghib Mahfouz
    Adonis

    7 questions
    64 lecteurs ont répondu
    Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}