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sur 24 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lorsque j'étais adolescente, les livres historiques faisaient partie de ces petites douceurs que j'adorais picorer de temps en temps. Aujourd'hui, quelques années plus tard, je me suis beaucoup éloignée du genre et n'en lis plus que très (trop) rarement. Ainsi, lorsque l'auteure m'a proposé de découvrir son premier roman il y a quelques mois, j'ai accepté avec grand plaisir, voyant là l'occasion de replonger quelques années en arrière.
J'ai passé un assez bon moment avec ce Masque du gerfaut même si je regrette certains « manques » et n'ai pas toujours compris les sentiments et réactions de l'héroïne. Malgré tout, il s'agit d'un texte assez soigné aussi bien dans la forme que dans le fond et si celui-ci ne m'a pas toujours complètement convaincue, je ne regrette pas ma découverte.

Le plus gros reproche que je peux faire à ce roman réside dans son aspect « historique ». Les premières pages, assez descriptives, laissent entendre que l'ensemble du texte sera hautement documenté et que l'intrigue prendra bel et bien place dans un Moyen Age bien présent. Il est vrai que si le lecteur est facilement transporté dans la France du XIVe siècle – grâce, notamment, aux descriptions détaillées du décor (l'intérieur du château de Joffrey avec les tentures dans les différentes pièces, les plats constituant les repas ou même les vêtements portés par les personnages) – il ne va pas bien plus loin. le lecteur est certes parfaitement immergé dans l'intrigue et suit sans problème les interactions des personnages, mais il reste globalement dans ce « huis-clos ».
En effet, l'intrigue générale tourne autour de l'évolution de la relation qui unit Anne et son violent époux mais ne place pas forcément celle-ci dans un contexte plus large, à savoir l'Histoire de France avec un grand -H. Quelques références aux rois de France et d'Angleterre et au Pape du moment, tentent d'insérer cette romance dans quelque chose de plus grand, mais ça reste très (trop) léger à mon goût. Et c'est là ma plus grande déception. Cela dit, j'ai l'impression que la suite de ce Masque du gerfaut (car oui, il y a une suite), s'attardera davantage sur la place stratégique occupée par le château de Joffrey – situé en Bretagne -, qui est au centre du conflit qui oppose les royaumes d'Angleterre et de France.

L'autre point qui m'a un peu chagrinée pendant ma lecture, c'est justement cette relation entre les deux héros, relation que je peux comprendre mais qui a tout de même du mal à passer. En effet, mariée de force pour payer la dette de jeu de son défunt père, Anne se retrouve entre les mains violentes de Joffrey, ce mari qu'elle n'a pas choisi et qu'elle a essayé de fuir en vain. Pour consommer le mariage immédiatement et ne pas risquer une annulation, il la viole sur le sol de l'église et n'hésitera pas à réitérer l'agression quelques jours plus tard. En outre, il n'hésite pas à lever la main sur sa jeune épouse qui, un peu trop rebelle à son goût, doit être remise à sa place et lui obéir sans rechigner. Autre temps, autres moeurs, je comprends tout à fait. Je suis parfaitement consciente que la place de la femme à la fin du Moyen Age, n'était pas la même qu'aujourd'hui et je comprends donc le choix de l'auteure. En revanche, là où j'ai un peu plus de mal à accepter les choses, c'est lorsque Anne pardonne et « capitule ». Je comprends cet attrait pour le « bad boy » qui en fait a un grand coeur dès qu'il trouve la bonne personne à aimer, personnage souvent représenté dans la littérature mais il y a des comportements qui sont, à mon sens, impardonnables. Je comprends qu'une jeune femme puisse tomber sous le charme du type grognon mystérieux un peu irascible, j'ai en revanche beaucoup plus de mal à accepter qu'une héroïne s'amourache d'un violeur agressif, aussi triste et traumatisante soit son enfance. Je sais qu'on peut expliquer ce comportement par le syndrome de Stockholm, Anne finit par voir le bon en Joffrey et l'aide à devenir quelqu'un de meilleur, mais je ne suis pas convaincue. Je suis la première à craquer pour le type un peu ronchon qui se révèle à la fin de l'histoire mais entre le ronchon qui ne sourit pas souvent et le violeur violent, il y a une grosse marge… Cela dit, si le héros avait été différent (c'est-à-dire « normal ») et si l'héroïne n'était pas tombée sous son charme, tout l'intrigue tombait à plat. Malgré tout, si on accepte cet amour naissant, je reconnais qu'il est plutôt pas mal mené : ce n'est ni trop lent ni trop rapide et ça reste assez crédible.

Joffrey est donc un homme violent au passé trouble qui, à cause d'une enfance traumatisante (sa mère est morte en couches et son père l'a vite fait entrer dans la vie militaire) n'a jamais connu l'amour et la douceur. C'est un guerrier sans pitié, athée et se moquant des lois. Il a, qui plus est, fait allégeance au roi d'Angleterre (même si rien est officiel). Pour lui faire face : la jeune et « pure » Anne, fervente catholique pratiquante, très fidèle au roi de France et à ses valeurs. Les contraires s'attirent et se complètent parait-il.
C'est un peu cliché mais si on ne cherche pas la petite bête, ça fonctionne plutôt bien. J'ai apprécié le côté entêté et déterminé de la jeune femme qui, malgré toutes les horreurs qu'elle subit, relève la tête et fait face à la situation courageusement. Je ne l'ai pas adorée mais j'ai bien aimé son évolution (à part cet amour un peu « malsain » pour Joffrey), de la jeune fille innocente à l'épouse et châtelaine sûre d'elle.

J'ai relevé deux ou trois coquilles dans les cinquante premières pages mais par la suite, plus rien (à part l'absence d'un ou deux alinéas) et je ne peux qu'en féliciter l'auteure et l'éditeur. D'ailleurs, je trouve que formellement, il n'y a pas grand chose à redire. C'est plutôt bien écrit, détaillé sans empêcher une certaine fluidité, assez visuel pour permettre à l'imagination du lecteur de fonctionner… La narration à la troisième personne du singulier entraine une légère omniscience du lecteur qui n'est pas désagréable et permet de se mettre dans la tête des deux héros. Ce n'est pas vraiment pour cette raison que j'ai réussi à accepter les décisions et comportements de ces deux-là mais au moins, je les ai mieux compris.
J'ai en revanche été légèrement surprise par la mise en page qui propose des paragraphes assez longs et compacts, ce qui peut rebuter certains lecteurs très adeptes de l'aéré, des retours à la ligne toutes les deux phrases et des dialogues envahissants ; mais rassurez-vous, Sonia Alain maîtrise assez bien la langue pour que ces blocs un peu « effrayants » passent comme une lettre à la poste.

Malgré quelques défauts dans le fond (au sujet des réactions des personnages notamment) et une légère déception concernant l'aspect historique de l'intrigue (je m'attendais à un récit moins centré sur la romance), j'ai tout de même apprécié cette lecture et suis allée au bout sans déplaisir et même avec une certaine curiosité. Ce n'est pas le meilleur roman du genre que j'ai pu lire mais je le garderai tout de même en tête un petit moment, la preuve qu'il a fait son petit effet.
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Aujourd'hui, je vais vous parler d'une romance historique écrite par Sonia Alain : le masque du gerfaut. Ce roman introduit les personnages d'Anne de Vallière et de Joffrey de Knox, que l'on peut retrouver dans le diptyque L'amour au temps de la Guerre de Cent ans.

Dans le prologue, l'auteur prend le temps de nous expliquer le contexte historique dans lequel va se dérouler son intrigue. D'un côté, elle évoque L Histoire avec un grand h pour expliquer la situation du pays et les tensions entre l'Angleterre et la France, le tout sans entrer dans des détails trop compliqués. L'objectif est clairement de poser le décor, pas de noyer le lecteur avec une pluie d'informations plus ou moins utiles pour l'intrigue. de l'autre côté, l'auteur prend aussi le temps de présenter l'élément perturbateur, qui va unir Anne et Joffrey quelques années plus tard. Dans cette partie, j'ai reconnu le côté un peu sadique de l'auteur, qui conclut son prologue de manière cruelle. Je ne trouve pas d'autres termes pour qualifier ce passage…

Dont les conséquences frappent la famille de Vallière de plein fouet dix années plus tard. Si elle avait su ce que le patriarche avait fait, elle aurait sûrement eu le temps d'essayer d'éviter ce mariage forcé à la pauvre Anne, qui va se retrouver à devoir payer la dette de son père. Si sa famille essaie de la sauver, Joffrey, le futur mari de la jeune femme, ne va clairement pas se laisser faire. Il va retrouver la jeune femme, l'épouser de force, mais aussi la prendre de la même façon sans se soucier un seul instant des conséquences. Il recommencera cette même erreur plus tard… et honnêtement, cela ne rend pas le personnage sympathique.

Pourtant, Anne et Joffrey vont finir par s'aimer. Comment ? le roman va s'efforcer de prendre le temps de nous l'expliquer. Ce ne sera pas un chemin facile, ce que j'ai apprécié. Après ce que Joffrey fait, il n'aurait pas été logique qu'Anne succombe comme ça. Elle va devoir gratter la surface pour y parvenir, creuser et aussi changer d'avis. Au fil du temps, elle finira par comprendre qu'il regrette vraiment, qu'il existe sans doute quelqu'un à aimer derrière cette carapace de salaud. Alors, oui, Joffrey a connu une enfance difficile, a un père dont le modèle n'était pas le meilleur qui soit. Oui, l'époque n'était clairement pas favorable à la femme dont l'avis n'importait pas beaucoup puisque son rôle était de faire des efforts. Après, je l'avoue, son attitude me reste en travers de la gorge, inacceptable. Néanmoins, je veux bien reconnaître que derrière la noirceur, Joffrey regrette ce qu'il a fait, qu'il veut vraiment changer pour sa femme. L'amour est là, je crois que c'est indéniable, espérons qu'il soit suffisant pour qu'il n'y ait pas trop de rechutes à l'avenir…

En tout cas, maintenant j'ai les informations que je voulais pour commencer la suite des aventures d'Anne et de Joffrey. Je suis curieuse de connaître leur avenir, savoir si la douceur et l'obstination d'Anne réussiront à maintenir Joffrey sur la bonne voie, s'ils ne souffriront pas trop non plus car l'auteur n'y a pas été de main morte avec eux. Une chose est sûre, le masque du gerfaut fut une lecture aussi intéressante qu'appréciée.
Lien : http://encore-un-chapitre.bl..
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