Il n’existe pas de passion amoureuse sans la transgression d’un interdit [...] L’amour ne se manifeste que s’il sépare ce qui était uni et que s’il unit ce qui devait être séparé.
La sexualité extraordinaire se manifeste, au contraire, lorsque l’élan vital recherche des voies nouvelles et différentes. La sexualité devient alors le moyen grâce auquel la vie explore les frontières du possible, horizons de l’imaginaire et de la nature. C’est l’état naissant. Cette sexualité est liée à l’intelligence, à la fantaisie, à l’enthousiasme, à la passion, elle est inséparable d’eux. Sa nature est de bouleverser, de transformer, de rompre les liens précédents.
À l’origine, ce livre a pour titre Innamoramento e amore. La langue italienne a conservé le sens du mot « innamoramento » là où le français n’utilise plus l’ancien verbe « s’énamourer » que dans certains usages désuets ou dérisoires. Aussi a-t-on choisi, dans cet ouvrage, l’expression « amour naissant » pour rendre la même idée.
Ceux qui s’aiment passent des heures entières à se raconter leur vie dans
le détail, ils veulent que l’autre partage la totalité de leur être et donc de leur passé
Celui qui entre en amour vient d'un monde fait de règles, de certitudes, de voies tracées, d'interdictions. Sa vie se déroule toute entière selon les habitudes. Il agit, mais il ne sait plus, au plus profond de lui-même, pourquoi il agit. Il n'a pas de volonté authentique. Il agit parce que les autres lui demandent, parce qu'il y a des règles et des devoirs. L'accomplissement de ces devoirs lui est de plus en plus pénible. Puis à travers une transformation, il s'aperçoit qu'il se mentait à lui-même, qu'il mentait aux autres, que sa vie était une continuelle mystification du réel. L'institution exige qu'il continue à agir ainsi car l'institution ne s'intéresse qu'au comportement manifeste. Pour parler selon le langage théologique propre à la religion protestante ce sont les oeuvres et non la foi qui intéressent l'institution.
Dans la jalousie, nous découvrons donc que la personne que nous aimons est attirée, charmée, par un don que nous n’avons pas, et que quelqu’un d’autre possède.
Il n’y a rien de plus facile ni de plus contrôlable qu’une personne privée d’élan vital, qu’une personne qui répète l’identique, le déjà connu.
Quand on est amoureux, on recherche le sens de son propre destin.
Tomber amoureux est un acte de libération. Et la liberté n’est pas seulement vécue comme le fait de se libérer de ses liens, mais comme le droit de ne pas dépendre des conséquences nées de décisions passées, qu’elles soient les nôtres ou celles d’autrui.
L’enfant ne peut ni ne doit rester un enfant collé à sa mère, à son père, à ses jouets. L’adulte, au contraire, est « arrivé » ; il a atteint un statut, une « situation », une « place » où il doit rester.