Laowai, tome 1 : La guerre de l'opium

Si le travail c'est l'opium du peuple, alors je ne veux pas finir drogué...

-Le fils du ciel ne doit être dérangé sous aucun prétexte! Il est en... en pleine méditation!
-En plein méditation?!? J'ai toujours apprécié votre sens de la litote! L'heure est grave et l'empereur a des choses autrement plus importante à faire que "méditer"!
-Voyons général, l'action ne remplace pas la méditation. Vous connaissez le dicton: une demi-heure de méditation quotidienne est essentielle, sauf quand on est très occupée. Alors une heure est nécessaire.
-A défaut d'autres choses, vous les eunuques avez toujours la langue bien pendue!

Quand il y a trop de rats sur un même navire, ils se bouffent entre eux!

— Voilà pourquoi vous êtes, à nouveau, appelés à entreprendre une expédition lointaine et glorieuse ! Votre ardeur courageuse prouvera à ces populations étrangères la supériorité de votre pays ! Les Chinois n'ont qu'à bien se tenir ! Il paraît qu'ils nous considèrent comme des "barbares"... Un jour, en rentrant dans la mère patrie, vous direz avec orgueil à vos concitoyens que vous avez porté le drapeau national dans des contrées où même la Rome immortelle n'a jamais songé à faire pénétrer ses légions !!! Nous assurerons la victoire aux cris de "Vive l'Empereur ! Vive la France !"
— Vive l'Empereur !
— Vive la France !
— Hourra !

-Général, un proche du diable étranger est dans la foule. Dois-je le faire arrêter?
-Pourquoi? Fût-elle accordée à un criminel, l'amitié n'est pas un crime!

Le tribunal a jugé cet individu coupable d'avoir propagé une religion perverse !

— Mais je mérite d'aller en Chine, sergent !
— Non, Jardin ! Tout ce que vous méritez, c'est mon coup de pied au cul ! Vous commencez à m'emmerder avec vos jérémiades. Foutez-moi le camp immédiatement ! Ce n'est pas avec des soldats comme vous que j'entrerai dans l'histoire !
— Et si justement c'était le cas ? Regardez ! Vous trouverez des centaines de soldats qui tirent mieux que moi au fusil, des milliers plus habiles au maniement du sabre mais, armé d'un crayon ou d'un pinceau, je ne crains personne ! Imaginez chacun de vos faits d'armes ainsi magnifié ! Mes lithographies seront transmises aux plus grands journaux, et les lecteurs suivraient les exploits du sergent Marais tous les jours ! Vos mérites seront enfin reconnus à leur juste valeur... Vos victoires vous rapporteront, certes, des médailles. Mais mes dessins, eux, vous procureront la gloire !

Ainsi la réalité dépasse la rumeur. L'enjeu de l'opium est donc si gigantesque.