Les politiques migratoires françaises sont réputées être inspirées par ce que l’on désigne comme le « modèle républicain ». Les principes qu’évoque ce syntagme (l’indivisibilité du peuple français, le lien entre nationalité et citoyenneté, la laïcité, l’égalité des citoyens devant la loi) sont des marqueurs de l’identité nationale, tout en faisant l’objet d’interprétations divergentes de la part des acteurs politiques qui s’en réclament ou les contestent. Le statut analytique dudit « modèle républicain » est également source de désaccords chez les chercheurs et les chercheuses qui l’étudient.
Certains en assument la dimension normative conçue comme un idéal régulateur (Schnapper 2006), alors que d’autres insistent sur sa fonction performative (Rudder et al. 2000 ; Bertossi 2009) ou y voient une référence mythique entravant l’intégration des groupes minoritaires (Lochak 2007).
La liberté de penser et d’agir actuelle serait contrebalancée par une autosurveillance éthique remplaçant le contrôle social. Sans surprise, ce phénomène se reflète aussi dans les écrits anthropologiques où prend forme depuis une quinzaine d’années un nouveau champ d’études dédié à la morale (Howell 1997 ; Zigon 2008 ; Heintz 2009 ; Lambek 2010 ; Fassin 2012 ; Laidlaw 2013 ; Keane 2016).
Auparavant, l’étude des valeurs morales était intrinsèquement liée à celle des faits sociaux et avait vu son intérêt décroître en même temps que le pouvoir coercitif de la communauté faiblissait. Dans l’ère « postmoderne », les valeurs morales revêtent des formes individuelles discursives marquées et deviennent à nouveau visibles, quoique sous un aspect différent.
A l'occasion de la Rentrée littéraire Automne 2023 organisée par Occitanie Livre & Lecture, Guillaume Alevêque est venu présenter son nouvel essai "Le lever des pléiades, La ritualisation de la culture à Tahiti" (Editions Dépaysage, 2023).
Enregistré à la médiathèque José Cabanis de Toulouse le 21 septembre 2023.