Les hommes étaient assis dans la tribune, à notre droite, tandis que le siège du juge se trouvait à notre gauche. Il n’y avait pas une seule personne dans la foule qui fût là pour Lisa et moi – ni amis, ni parents, ni alliés pour plaider en notre faveur. Nous étions seules face à une force bien plus puissante qu’une secte ou qu’une tribu ; nous nous opposions à l’État allemand, le Troisième Reich. Les hommes qui nous persécutaient passaient un bon moment à nos dépens, parlaient du temps qu’il faisait, riaient de notre situation, se rengorgeant dans leurs uniformes empesés, admirant leurs médailles et échangeant des anecdotes de guerre, comparant leurs invitations à un procès auquel ils avaient le privilège d’assister, convocations les plus convoitées du « juge impitoyable » d’Hitler, tandis que Lisa et moi craignions pour nos vies.
Comme Sophie Scholl l'avait dit lors de son procès à Roland Freisler, président du Tribunal du peuple : Il fallait bien que quelqu'un commence.