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Critique de ulie-anne-de-see


LE GARÇON FROM L.A. de Tadzio Alicante
C'est le récit d'un amour, d'un désir "j'ai jamais su faire la différence entre ces deux sentiments." (dit Jonathan, p.62). Une écriture filmique, souvent en caméra subjective, incisive, dont la toile de fond est la pandémie apocalyptique qui a frappé le monde.
Le narrateur, omniscient lorsqu'il relate la vie des personnages qui se croisent, s'aiment et se défont à Paris ou à Los Angeles, devient en même temps Jonathan, personnage central, lorsqu'il prend les commandes en s'exprimant au "je".
Le roman est construit en trois partie suivies d'un épilogue pour entraîner le lecteur dans le déroulé de cette histoire entre deux êtres dont la rencontre inopinée va bouleverser la vie.
Jonathan a vécu d'éphémères rencontres, des "plans cul" plus ou moins heureux, plus ou moins amoureux, jusqu'à celle de Christian le californien qui devient pour lui "le sacré mis à nu rien que pour moi" (p 53), son "Épiphanie". En soixante-cinq "Fragments", comme autant d'instantanés, leurs amours s'épanouissent, et le narrateur se fait poète pour les évoquer. Il explore le champs lexical religieux, de la sacralité pour dire l'amour, tout en flirtant avec des mots plus trash pour exprimer son bonheur, sa folle dilection (p. 93). Cependant, le "garçon from L.A" doit repartir vers son Amérique natale, et c'est alors la déréliction pour Jonathan, "l'immersion totale dans une tristesse liquide qui a le goût de l'océan Atlantique." (p. 104 )
Où se situe la frontière entre fiction et réalité ? Qu'est-ce d'ailleurs qu'une fiction ? Jonathan relit "Morts à Venise", bouclant la boucle, écho au premier paragraphe du roman où le regard du lecteur-spectateur était guidé vers le même livre posé sur la table de nuit de Christian, à L.A. Clin d'oeil de l'auteur, dont le prénom est celui du jeune homme de Thomas Mann ?
Tadzio Alicante signe un premier livre très abouti, très travaillé, dont le style évoque certains auteurs américains qu'il semble affectionner (Bret Easton Ellis est évoqué). Une plume résolument littéraire, d'une grande sensualité, d'une sensibilité à fleur de peau, qui joue sur la poésie, sur la beauté des mots soigneusement choisis, tout en flirtant avec ceux, plus crus des scènes d'amour entre deux hommes. Une fin - parce qu'il en faut une, dit le narrateur- surprenante et déjantée, qui assène au passage quelques coups de griffe à l'homophobie.
Dans le paysage de la belle et bonne littérature érotique, un auteur à suivre, dont on espère d'autres opus…




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