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Citations sur Sous la grande roue (5)

Maintenant, il est tout en bas, ça bourdonne dans sa tête et le ciel est si blanc qu'on a mal rien qu'à le regarder. Ce n'est qu'une lumière aveuglante, comme dans les films de science-fiction qu'il allait voir avec ses potes, aux matinées du cinéma Cervantès. Il est fatigué. Trop de fête, pense-t-il. Allez, bouge-toi, secoue-toi donc un peu. Il veut fermer les yeux pour voir si sa tête va cesser de tourner. Il commence à baisser les paupières mais, soudain, il comprend ce qui est en train de se passer alors il les ouvre autant qu'il peut, il déploie des efforts surhumains pour garder ses yeux ouverts car il a enfin pigé, il est en train de crever.
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Les Tamai s’étaient mariés très jeunes, alors qu’ils attendaient déjà leur premier enfant. Avant de dire oui au prêtre, Celina avait dit oui à son fiancé, à l’urgence de ses baisers qui laissaient sur son cou et ses épaules plein de petites marques violacées. Et c’était aussi une manière d’envoyer balader son père, qui s’opposait à leur relation.
Leur première fois a été désagréable et douloureuse, loin des romans à l’eau de rose de Corín Tellado qui alimentaient ses rêves d’adolescente. C’était en plein bal, sur la piste du Hongrois. Au moment où le disc-jockey a cessé de mettre des chansons à la mode pour passer des milongas et des chamamés afin de réveiller les couples plus âgés, les mères et les vieilles tantes qui jouaient les chaperons, juste avant le groupe qui devait jouer ce soir-là.
Soudain, Tamai a pris Celina par le bras et il l’a emmenée dehors. Ils sont sortis dans la nuit chaude et se sont faufilés entre les voitures garées là. Furtivement, elle a vu des bras et des jambes s’agiter dans des voitures, flous, derrière des vitres embuées : des jeunes filles privilégiées, qui avaient au moins un espace privé pour se donner.
Ils ont gagné un endroit où il y avait quelques arbres et Tamai l’a collée contre un tronc. Elle a senti l’écorce âpre râper son dos, que sa petite robe à bretelles laissait dénudé. Dans une main, elle serrait sa culotte ; elle a mordu son autre main pour ne pas crier quand il s’est retrouvé entièrement en elle.
Quand ils eurent terminé, elle a remis ses vêtements, troublée. Lui, haletant, s’est adossé à l’arbre, a allumé une cigarette, l’a attirée à lui, puis il l’a embrassée sur le front avant de murmurer :
– Quand on fait ça debout, on ne risque pas de tomber enceinte.
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Alors la roue a pris de la vitesse et ils se sont mis à tourner comme des fous. Ils ont lancé quelques 'sapucai' tout en continuant à boire au goulot. Cardozo criait et secouait la tête, tel un chien mouillé. Lorsque la roue a amorcé son troisième tour, il a ouvert sa braguette et s'est mis à pisser, en secouant sa bite pour baptiser ceux qui se trouvaient en bas. Pajaro riait tellement qu'il en avait mal aux côtes. Il se sentait ivre, heureux et puissant.
Maintenant, il est tout en bas, ça bourdonne dans sa tête et le ciel est si blanc qu'on a mal rien qu'à le regarder.
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Derrière la table sur laquelle il s'est réveillé, on a allumé des bougies. Il se fraye un chemin pour aller voir de plus près. Même si elle lui tourne le dos, il reconnaît la femme qui est debout, dans un coin : c'est madame Nena, la marraine de sa mère qui est aussi la sienne ; madame Nena est plus mince, plus jeune, plus droite qu'à l'accoutumée. Il s'approche un peu plus et jette un œil par-dessus son épaule. Elle caresse les petits pieds qui dépassent du linceul. Et un homme qu'il ne connaît pas, debout à l'autre extrémité de la table, caresse la tête d'un enfant qui doit avoir une dizaine d'années. Son sang se glace et, même s'il a déjà compris, il veut s'approcher pour en avoir le cœur net. Il fait le tour de la table et reconnaît ses traits dans le visage du petit ange endormi.
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Si de son coté, elle avait commencé à lui dire adieu le jour de la naissance de Pajarito, lui, il avait commencé à le faire sous le soleil furibond de midi, un jour qu’il se reposait, appuyé sur le manche de sa pelle, les pieds enfoncés dans la boue, le dos brûlant. Quant à ses yeux, ce jour-là, c’étaient deux poignards pleins de haine.
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