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Eugenia Almeida est une des grandes dames de la littérature argentine, de ses quatre livres traduits j'en ai lu deux , celui-ci en est le troisième, et la quatrième est acheté et non lu depuis longtemps, faute de temps. Tout ce baratin pour dire que je l'apprécie beaucoup dans le fond et la forme. La forme est toujours simple mais très efficace ( à mon avis le plus dur en Littérature ) et le fond raconte toujours le désespoir d'une société devenue criminelle au cours des décennies , suite à des révères économiques et gouvernementaux radicaux . Voilà pour le décor. Et bien sûr j'oubliais , tout ceci raconté sur un ton nonchalant, indifférent et un humour décapant mais subtil, subtil. Comment résister à Almeida ? Un style sec , concis, des descriptions de lieux et personnages très visuelles, comme dans ses précédents romans, on se croirait dans une pièce de théâtre.
Eh bien on ne résiste pas et nous voici embarqué dans une nouvelle épisode de l'Histoire de la corruption en Argentine avec “ Saladero” de son titre original, qu'on peut traduire comme « démantèlement », où Almeida démantèle minutieusement les rouages du pouvoir dans une petite ville d'Argentine, calme et paisible, à partir de l'histoire d'une voiture volée qui arrive à une Casse par un malheureux hasard 😊! D'autres de ces malheureux hasards renforcés par des malentendus funestes précipiteront cette déconstruction génialement orchestrée . du petit dealer du coin la chaîne remonte verticalement tout au sommet du pouvoir et le pire est que le plus cruels des criminels est celui qui est tout en haut. On ne peut pas sortir de là , ou on n'en sort qu'en revenant au point de départ, si non terminé en cadavre dans un ravin ou une poubelle. Chez Almeida pas toujours facile de démêler les nombreux personnages qui s'entrecroisent mais on se prend au jeu de remettre méticuleusement chaque pièce de ce puzzle d'enfer à sa place, où l'horreur du système a broyé désirs, espoirs , tendresses et chances de rédemption de ces hommes et femmes pris dans un piège qui impitoyablement se referme sur eux.
C'est violent avec tension garantie jusqu'à la fin, le regard humain que pose Almeida sur ses personnages, émouvant, et la construction géniale !
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N'espérez pas cerner l'intrigue de ce roman dès ses premières pages, ni même ses premiers chapitres, d'autant qu'ils sont très courts.

Eugenia Almeida ne s'embarrasse pas de préliminaires, de mises en contexte, de descriptions ou de portraits de personnages, elle nous plante directement au coeur de l'action, et c'est au lecteur qu'il appartient de reconstituer peu à peu, au fil des dialogues, de quoi il retourne exactement. Cela prend un certain temps, parce qu'il faut tisser les liens entre les nombreux personnages, déduire le rôle de chacun et ce qui s'est passé entre eux pour comprendre l'enchaînement d'actions-réactions des uns et des autres. Il est question, dans une ville anonyme d'Argentine, d'un trafic de voitures volées géré depuis une casse de banlieue et de deux jeunes idiots qui ont cru pouvoir faire cavalier seul à la marge de l'organisation et qui ont payé chèrement leurs velléités d'indépendance.

Ce qui ressemble à un règlement de compte quelconque entre petites frappes est en réalité un fameux dérapage qui met en danger l'autorité jusque là incontestable du chef des trafiquants précités. La chute de ce premier domino (mais est-ce vraiment le premier?) entraîne une cascade de violence et de mort, et l'onde de choc se propage à tous les niveaux de pouvoir de la ville, depuis les truands des quartiers malfamés aux bureaux des hommes politiques en passant par le commissariat central.

Eugenia Almeida nous montre alors comment tout ce beau monde tente de maintenir l'équilibre puis, une fois qu'il est trop tard, de ramener la couverture à soi, dans une surenchère de feu et de sang.

On s'y perd parfois, tout n'est pas expliqué ni résolu, mais la construction de ce récit est diaboliquement maîtrisée. le texte est fait presque exclusivement de dialogues, des phrases courtes et sèches qui rendent le rythme effréné et la tension palpable. Et, malgré cette concision de style, Almeida réussit à donner de l'épaisseur psychologique à ses personnages et à dresser un portrait sociologique crédible (et donc peu reluisant) d'une ville (d'un pays?) infiltrée à tous les niveaux par les organisations mafieuses et gangrenée par la corruption.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Archétype du roman noir urbain, cet ouvrage concentre les travers d'une société corrompue de la base jusqu'à la tête. Tous les rouages sont bien huilés et chacun connait son rôle, du truand au ministre en passant par toute la hiérarchie policière. Il suffit qu'un aspirant-gangster vole une voiture de sport très rare pour plaire à son patron gérant d'une casse automobile pour le bel équilibre soit brutalement rompu. Dès lors les règlements de compte s'enchaînent, provoquant des montagnes de cadavres et des remaniements en cascade. le séisme frappe sans distinction de responsabilité…
L'écriture sèche et nerveuse de la romancière argentine Eugenia Almeida s'accorde à merveille avec ce récit particulièrement noir qui permet de suivre le destin de quelques personnages embarqués malgré eux dans ce tourbillon de violence.
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Grâce à la masse critique de Babelio, formidable événement qui permet à tous de lire des trucs dont on n'a même pas idée, j'ai reçu le roman argentin LA CASSE d'Eugenia Almeida.
Merci aux éditions Métailié Noir pour cette découverte.

Dire, ou plutôt écrire que je me suis régalée serait exagéré ; je ne lis pas beaucoup de policiers, en revanche je regarde pas mal de films ou de séries dans lesquels les flics ont la part belle.
Et pour le coup, j'ai eu l'impression, non pas de lire, mais de regarder le synopsis d'une série. Une présentation de personnages, de faits qui vont être développés dans les différents épisodes.

L'écriture de notre romancière est très alerte, très imagée, légèrement abrupte. Il y a plus de dialogues que de récit, et il m'a été parfois difficile de repérer qui disait quoi à qui.
Bon, dans l'ensemble j'ai réussi peu à peu à identifier les différents protagonistes, pas tous recommandables, il faut bien l'avouer !
L'impression de reconstituer un puzzle m'a effleuré....un ministre par là, un truand alcoolique par ici, une jeune femme soit disant secrétaire, un épaviste aux gros bras, et un policier, et d'autres moins identifiables mais plus ou moins corrompus.

Car, il faut bien en venir là, le gros thème de cette histoire est bien la corruption.
La corruption argentine bien sûr, qui pourrait croire que ce fléau puisse se situer ailleurs?!
l'Argentine, pays qui doit son nom à l'argent, pourtant démocratique, mais dont la pourriture interne gangrène le pouvoir, la police et donne la belle part aux narcotrafiquants.

Ce roman, dont la lecture ne m'a pas embarquée, m'a cependant donné l'envie d'en savoir plus sur un pays, certes lointain en kilomètres, mais sûrement plus proche de nous par ses us et coutumes, j'entends par là son régime , sa place en Amérique latine, sa population.

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● L'auteur, le livre (208 pages, 2024, 2022 en VO) :
Eugenia Almeida, c'est cette auteure argentine, journaliste et poète, qui avait fait une entrée remarquée en littérature avec L'autobus en 2007 suivi de la pièce du fond en 2010.
Il y eut également L'échange en 2016, mais c'est une auteure avare de ses mots (et ses bouquins sont d'ailleurs peu épais).
La voici de retour avec La casse, un roman noir urbain, si l'on veut lui coller une étiquette.

● On aime :
❤️ Au fil de ses ouvrages Eugenia Almeida semble s'être donné comme but d'illustrer la théorie du chaos, celle du fameux effet papillon. Quand un petit événement ordinaire et insignifiant va venir bouleverser l'ordre des choses.
Comme ce fameux autobus qui un beau jour de 2007 ne s'arrêta plus au village.
Et ce qui intéresse l'auteure ce sont les répercussions de ces événements d'apparence anodins sur les comportements, la réaction en chaîne, l'emballement nucléaire, les conséquences de l'effet papillon.
❤️ Il faut accepter de se laisser porter par la prose très elliptique de l'auteure qui ne s'embarrasse ni d'explications ni de descriptions. le lecteur aura un peu de mal au début à situer tel ou tel personnage, savoir qui parle, qui a fait quoi, qui vient d'où, et bien sûr qui a une dette envers qui ...
Mais peu à peu la musique d'Eugenia Almeida donnera le tempo et le roman finira par trouver son rythme.
On est pas vraiment dans un polar, un roman noir peut-être, à coup sûr le portrait au vitriol d'une Argentine gangrenée par la corruption.

● L'intrigue :
Deux petits voyous qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas et se font dessoudés.
Une voiture qu'il ne fallait pas voler. Pas celle-là.
Deux ou trois petits grains de sable, d'une apparence ordinaire et insignifiante, qui vont déclencher un sacré bazar.
Un chef de gang qui tient une casse de voitures (celle du titre), un patron de police ripoux, un amateur de vieilles voitures, un ministre corrompu, une voyante et un jaloux, des flics et des voyous, ...
Bien peu en réchapperont car bientôt les cadavres vont tomber comme des dominos, comme les conséquences imprévisibles du chaos.
Pour celles et ceux qui aiment les vieilles bagnoles.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions Métailié.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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La casse c'est là où arrivent les voitures volées ou non, pour être désossées. le patron, Duruti est un truand notoire et ses « employés » de bons petits malfrats qui jouent facilement de la gâchette ou du couteau.

La casse, c'est aussi ce qui arrive lorsqu'un évènement, la mort de 2 petits truands et le vol d'une caisse de collection, joue l'effet papillon ou l'effet des dominos. Un touche l'autre et la cata n'est pas loin. « Tôt ou tard, tu feras un truc, un truc qui te semblera peut-être innocent. Et ce truc va déclencher toute une série de malheurs. »

Eugenia Almeida, dans les premiers courts chapitres pose ses dominos ; le patron de la casse, de jeunes voyous inexpérimentés mais désireux de monter, un professeur et sa bagnole de collection, une voyante, un ministre, une jeune secrétaire…. Tout partent de points différents pour se retrouver au coeur d'un drame, de chantages qui font beaucoup de morts, dézinguent des carrières politiques.

Tous s'essaient au chantage sur plus faible, c'est plus facile, tout en subissant eux-mêmes un autre chantage. La corruption est partout, du petit policier jusqu'aux membres du gouvernement argentins.

Les chapitres courts, l'écriture virevoltante, nerveuse et imagée d'Eugenia Almeida font que je n'ai pu laisser le livre avant d'en connaître la fin. Elle m'a ferrée avec sa présentation des protagonistes, sa façon de nous dire, attendez, ce n'est pas fini, tournez la page et vous verrez, celui-ci n'est pas le pire. Et puis, être innocent n'est pas gage de sécurité.

La casse est un réquisitoire contre la corruption qui gangrène l'Argentine. Comme dans L'autobus, Eugenia Almeida sait créer une atmosphère quasi cinématographique .

Merci à Babelio et à son opération Masse critique tout comme aux éditions Métailié pour la lecture de ce bon, très bon polar argentin.

Grâce aux éditions Métailié, j'ai découvert, entre autre, la littérature sud américaine que j'apprécie beaucoup. Une prochaine lecture sera L'échange de la même autrice, réserve faite auprès de ma bibliothèque préférée.
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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Reçu dans le cadre de masse critique, ce roman constitue ma première rencontre avec l'autrice argentine Eugenia Almeida. Ayant à la fois un fort tropisme pour la culture et la littérature latino-américaines et une appétence pour les romans noirs ou marqués par la violence ordinaire contemporaine, j'ai été tentée par ce livre, et n'ai pas été déçue. La construction en est soignée, l'univers, maîtrisé. le style de l'autrice (pour autant qu'on puisse en juger à travers une traduction) est résolument contemporain, phrases courtes et souvent averbales, fréquentes asyndètes, etc. le roman, constitué de chapitres très brefs qui reflètent le rythme haletant de l'action, est bâti en grande partie sur des dialogues, et non une narration classique. On pénètre les lieux (une ville et ses quartiers plus ou moins mal famés, des habitations, une casse, un poste de police) par le biais des personnages et de leur regard plus que par des descriptions. de même, on comprend peu à peu ce qui se trame à travers leurs discussions. Pourtant, on ne peut dire que ce roman est théâtral ; il serait plutôt cinématographique.
Durant toute la première moitié du livre, l'autrice met les choses en place, patiemment, tissant les fils d'une toile qui, par sa complexité, rappelle à la fois la toile mafieuse et le tissu social qui sont au coeur de l'histoire. On est d'abord un peu perdu, le premier chapitre, notamment, commençant in medias res. le lecteur doit s'efforcer de comprendre qui est qui, qui fait quoi. Cette mosaïque de voix est un bon miroir des existences souvent anonymes qui font, par leur accumulation, une ville moderne ; des truands, des bourgeois, des politiques, des policiers, des couples et des gens seuls, des destinées apparemment fort éloignées mais qui finissent par se croiser et, parfois, se mêler, pour le pire plutôt que le meilleur dans l'univers fort sombre d'Eugenia Almeida.
Une fois le cadre et les personnages posés, à peu près au milieu du roman, l'événement majeur, noeud et apogée de l'action tout à la fois, survient. Il y a une indéniable dimension tragique dans la manière dont le cours des événements mène inéluctablement à ce drame. L'un des personnages, fort lucide, résume assez bien la situation (et la construction du livre !) quand il explique à un jeune voyou qui n'a pas encore compris comment fonctionnait le monde très organisé dans lequel il pense pouvoir jouer un rôle : « Tôt ou tard, tu feras un truc, un truc qui te semblera peut-être innocent. Et ce truc va déclencher toute une série de malheurs. » Tout le roman consiste à cela : montrer comment un geste presque insignifiant, en tout cas, un délit sans gravité intrinsèque, conduit, par une sorte de mécanique fatale, à une catastrophe aux répercussions nationales.
Commence alors la seconde partie du roman, si l'on peut dire, qui est une course à l'abîme : dans un tourbillon vengeur, les morts se succèdent, c'est l'hécatombe, et l'autrice d'éclairer plus vivement ce qui unit les personnages, ainsi que les dessous peu reluisants d'une hiérarchie du crime qui, de la tête de l'État aux quartiers déshérités, fait des êtres des pions dont on se débarrasse sans états d'âme. On observe avec un réel intérêt l'engrenage qui broie les personnages, et ce qui aiguillonne les uns et les autres : cupidité, soif de pouvoir, vengeance, jalousie, bêtise… Autant dire que rien n'est gagné pour les quelques personnages honnêtes, bienveillants et innocents que l'on croise dans cette ville malade. Je mentionnerai pour finir une des réussites de l'autrice dans cette partie : sa façon de jouer assez finement sur la manière dont les faits (connus du lecteur) sont transposés dans le discours des médias, de manière édulcorée, mensongère ou lacunaire, volontairement – ne pas relier les événements permet d'épargner les autorités et de taire le caractère systémique du problème –ou par méconnaissance de l'ensemble du tableau.
En somme, Eugenia Almeida est indéniablement douée pour bâtir une intrigue solide, créer des personnages à la fois typiques et néanmoins dotés d'une épaisseur psychologique. Elle peint à grands traits des destins réalistes sous ces oripeaux fictifs. C'est sans doute un des points forts de ce livre, qui offre un réquisitoire contre la corruption gangrenant une partie de la vie politique et sociale argentine (mais pas seulement…). le fait que certaines zones troubles le demeurent est à mon sens une autre qualité, de même que le refus des explications faciles et de la morale toute faite. Évidemment, ceux qui cherchent un happy end ou des lendemains qui chantent pour les gentils n'y trouveront pas leur compte… Comme dans la vraie vie ?

Lien : https://litteraemeae.wordpre..
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