– Magali mon cœur, Baudouin mon grand, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer : demain, j’irai au magasin d’électroménager acheter un téléviseur.
Comme je le regardais, les yeux ronds comme des assiettes et la bouche ouverte, il a continué :
– Oui, tu m’as bien entendu, Baudouin. Et tu peux m’accompagner, si tu veux.
Tous les poils de sa moustache semblaient dressés pour souligner l’importance de ses paroles. Je n’ai jamais su pourquoi il avait changé d’avis ce soir-là. Mais j’étais trop content de sa décision pour m’en tracasser. Il s’est rassis, a saisi couteau et fourchette pour achever, dans un silence bruyant, son poulet, sa compote de pommes et sa purée de pommes de terre. Et avec ça un bon demi-litre de bière brune.
Un couple ressemble plutôt à un enfant qu'on aurait adopté bien après la naissance, dont on doit découvrir le caractère et les passions, en se méfiant de ses humeurs étranges et de ses faiblesses qui ne tarderont pas à se manifester. Il faut être attentif à tout moment, à deux: avoir envie des mêmes choses en même temps, préserver la magie et construire peu à peu la vraie complicité.
L'éternité est contenue dans chaque instant dont on profite, pas dans le temps qui file et qu'on ne saisit pas... La vie, comme l'éternité, ne dure qu'un instant, c'est à nous d'en profiter.
Sale truc dans les poumons, qui a irradié dans le reste du corps. Cette maladie ne mérite pas qu'on la nomme. On devrait refuser de lui prêter des mots, de laisser le dictionnaire l'accueillir parmi les noms communs de la langue française. Encore moins dans les noms propres. Cette maladie ne devrait pas faire partie de l'aventure humaine. Elle est exactement le contraire de la vie.
On devrait l'appeler la maladie de la mort. Tout serait bien plus clair.
La vie, comme l'éternité, ne dure qu'un instant, c'est à nous d'en profiter.
Le ciel était presque toujours gris, l'étendue infinie de nuages portait en son ventre des pluies lourdes et interminables. C'était le ciel de ma jeunesse: avec une météo pareille, on est condamné à aimer la littérature.
Je venais de découvrir le bonheur de mentir. Je voulais devenir écrivain.
Ce que j'avais aimé, cet après-midi-là, c'était le plaisir de raconter une histoire en toute liberté, sans être contraint ni par la vérité ni par l'exactitude. J'avais juste cherché à captiver mon public. Je venais de découvrir le bonheur de mentir. Je voulais devenir écrivain.
Fallait-il que je lise les romans écrits par mes prédécesseurs, que je les décortique et les ausculte jusqu'aux derniers replis de leur nombril pour découvrir mon propre tempérament d'auteur ?
Il n'y a rien de plus beau que les histoires qu'on se raconte et qui font pétiller la vie.