Il est vrai que
Sherwood Anderson n'est pas le plus connu des écrivains américains, même plutôt l'inverse. Mais pourtant, comme indiqué sur le 4e de couverture « il ouvre la voie à un
Hemingway, à un
Faulkner. » Rien que ça ! Pour ma part, je l'avais repéré chez
Bukowski qui, dans ses derniers livres, parlait d'Anderson, au côté de Céline et Fante. Rien que ça !
S'il est vrai que l'on retrouve plusieurs des mêmes thèmes que ces écrivains, courses de chevaux, vie dans les petites bourgades du sud, l'alcool frelaté, la solitude, les forêts, les bordels, parler d'
Hemingway, de
Faulkner ou de
Bukowski nous mène sur une fausse piste. Si l'on veut absolument trouver une comparaison, je dirais
Carson McCullers (qui vient aussi après). Il a une tendresse, une douceur, pour presque chacun de ses personnages. Ils triment dure, ne méritent pas les malheurs qu'ils leur arrivent, mais ils encaissent, en silence.
On l'aura compris, Anderson arrive avant tout ce beau monde, vers 1920. À cet époque, il a déjà plus de 40 balais, il abandonne femme, boulot, famille pour se lancer dans l'écriture.
le triomphe de l'oeuf, recueil de 4 recueils de
nouvelles - 1921, 1923, 1933, 1947 (posthume) - nous donne un véritable aperçu de la palette de l'auteur.
Si au départ, cette trentaine de
nouvelles semble traiter de thèmes différents, il existe néanmoins une véritable continuité dans la manière de dire Anderson. Il hésite, surtout au début, il nous dit ce qu'il va nous raconter, s'excuse lorsqu'il digresse, s'égare, il prend soin de son lecteur. Puis, au fil des années, sa prose se resserre, il fait moins de pirouettes, s'en tient à l'essentiel, nous raconte des histoires d'amour, des histoires tristes, des histoires ordinaires qui viennent nous toucher par leur sincérité.