Nous n'admettons et n'estimons tout à fait les vertus de quelqu'un que dans la mesure où elles nous apparaissent sous une forme qui convient à nos vues et à nos penchants personnels.
- Le plus grand imbécile n'est pas celui qui ne sait pas lire, mais celui qui pense que tout ce qu'il lit est la vérité.
Le pire n'est pas de souffrir et de mourir, mais bien de vieillir, car vieillir est un mal sans remède et sans espoir, c'est une mort qui dure.
En un mot, à quoi bon posséder beaucoup et être quelqu'un, si l'homme ne peut se libérer de la peur de la pauvreté, de la bassesse en pensée, de la grossièreté en parole, de l'hésitation dans le geste, si la misère invisible mais amère et inéluctable ne le quitte jamais d'un pas [...].
Dans l'exaltation de la jeunesse et dans la fièvre du désir, l'attente et l'incertitude font partie intégrante des délices que l'amour promet.
[...] il parlait maintenant de cette révolte comme d'une chose normale. Ce n'était rien, faisait-il dire à Daville, c'était le peuple, la populace, les pauvres gens qui s'étaient soulevés. Cela arrivait de temps en temps. Ils allaient crier et faire du tapage, puis ils se calmeraient. Des vociférations n'avaient jamais tué personne.
Daville avait l'impression par moments que vivre nécessite de nombreux efforts et chacun de ces efforts un courage disproportionné. [...] L'homme, pour ne pas s'arrêter et renoncer, se dupe lui-même, il nie les obligations qu'il n'a pas complètement remplies en les enfouissant sous de nouveaux devoirs, qu'il ne remplira pas complètement non plus, et dans ces nouvelles entreprises et ces nouvelles tentatives il recherche de nouvelles forces et plus de courage. Ainsi l'homme fraude avec lui-même et devient avec le temps de plus en plus et sans fin débiteur envers lui-même et envers tout ce qui l'entoure.
Un déménagement met à nu la vie d'un homme jusque dans ses éléments les plus secrets.
[...] Daville se disait : "Ce qui est terrible, ce n'est pas de vieillir, de décliner et de mourir, mais de voir d'autres hommes, plus jeunes et différents, arriver derrière nous. C'est cela, en fait, la mort. Personne ne nous tire vers la tombe, mais on nous y pousse dans notre dos".
Vraiment, rien ne peut mieux nous tromper que ce sentiment de calme et de contentement que nous inspire le cours des choses.