"C'est la montre de ton père, il n'en a plus besoin, et moi non plus. La seule chose dont je suis sûre, c'est que mon heure approche."
Accoudée au bastingage, elle suivait du regard un groupe de dauphins qui les accompagnait, et se surprit à les envier. Ils étaient si libres ! Un instant, elle eut le sentiment d'être piégée dans un filet, une nasse.
Tandis qu’elle s’apprêtait à se diriger vers la maison, Aiata l’interpella :
-- Attrape !
Une clé de cadenas.
--C’est le cabanon jaune, tout au bout de la pointe. Vous ne pouvez pas vous tromper. Il sera disponible dans les trois jours à venir. N’hésitez pas. Si tu veux un conseil…
Mais Cloé n’avait pas besoin de conseils. Elle laisse là Aiata, étendue dans toute sa splendeur, offerte au soleil et au léger clapotis du lagon pour regagner sa chambre. Elle devait préparer son sac : Harold et elle embarquaient le lendemain pour un petit séjour en amoureux aux îles Marquises.
En fait, se parents les gens n’avaient pas vraiment compris quand elle leur avait annoncé qu’elle quittait la maison familiale pour emménager là et pour tout dire, ils avaient été un peu vexés aussi. Que diraient les gens ? Mais Cloé était restée inflexible et elle ne craignait pas le qu’en-dira-t-on. Elle se sentait parfaitement bien dans cet espace confiné certes, mais douillet. Plus tard, elle aménagerait Le Local, sa future librairie et se réserverait un espace à l’étage. Vivre au milieu de livres : un rêve de toujours. A ce propos, Marie lui rétorquait qu’elle aurait préféré voir sa fille fonder une famille, plutôt que vivre avec des personnages de papier. Ce n’était pas la vie, ça.