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Critique de bloghgmarcaurele


Qui est l'auteur de cet ouvrage ?
Alberto Angela (né le 8 avril 1962 à Paris) est un paléontologue, vulgarisateur scientifique, écrivain et journaliste italien. Membre de l'institut italien de Paléontologie Humaine (Rome) et du Centro Studi e Ricerche Ligabue (Venise). Il est l'auteur de nombreux ouvrages à succès chez Payot, comme par exemples « Empire. Un fabuleux voyage chez les Romains avec un sesterce en poche » (2016), « Les Trois Jours de Pompéi » (2017), « Une journée dans la Rome antique » (2020).


Quel est l'apport de cet ouvrage ?
Alberto Angela nous fait partager de nouveau le quotidien des anciens Romains dans cet ouvrage publié en Italie sous le titre « Amore e sesso nell'antica Roma » (2012). Nous plongeons cette fois au plus profond de leur intimité en suivant plusieurs personnes rencontrées dans une rue de la capitale impériale en l'an 115 (sous Trajan), alors que Rome était au sommet de sa puissance. Autant d'individus représentatifs de la société d'alors, depuis l'esclave jusqu'à l'aristocrate. Un empire des sens où le citoyen devait rester un mâle dominant dans les plaisirs intimes mais où la femme n'était pas toujours soumise ; une sexualité régie par des règles qui contredisent certains de nos préjugés sur la sexualité soi-disant débridée dans l'Antiquité romaine.

Le livre est construit à partir de 12 chapitres reprenant des exemples précis sur la sexualité lors de la civilisation romaine, questions indépendantes les uns des autres. Cela permet au lecteur de lire le livre dans l'ordre de ses préférences. Cette démarche est celle systématiquement utilisée par l'auteur, et fait aussi penser à celle de « La Rome antique, vérités et légendes » chez Perrin 2023, de Dimitri Tilloi-d'Ambrosi, docteur en Histoire romaine à Lyon III. Comme un guide actuel, les thèmes sont prosaïques, avec une volonté de mots employés authentiques, qui doivent susciter l'intérêt en écho à nos préoccupations intemporelles, tout en évitant l'écueil de l'anachronisme.
Après une dédicace « À Vénus et à son monde qui inspire les rêves, enflamme les coeurs et enivre les sens depuis l'aube des temps. », dans le cours Chapitre d'Introduction, l'auteur se demande « Comment aimaient les Romains de l'Antiquité ? ». Il nous prévient : «  La vérité, on s'en doute, est à mi-chemin : ils nous ressemblaient, d'un certain point de vue, mais ils avaient forcément un idéal de beauté, des techniques de séduction, des pratiques sexuelles et des tabous qui leur étaient propres. » Il imagine « une foule d'anonymes parmi lesquels se détacheront plusieurs visages : une jeune femme accompagnée de sa nourrice, un couple d'aristocrates en route pour un banquet, un pater familias et son fils adolescent, un amoureux rusé, une courtisane de haut vol… ». Pour en faire des portraits véridiques, il s'appuie sur des sources matérielles : « une grande quantité d'inscriptions, de statues et de scènes érotiques reproduites sur des murs ou sur des objets du quotidien ». Mais aussi littéraires : « Ovide, Martial, Juvénal, Catulle et tant d'autres… ». le cours Chapitre de Prologue intitulé « sous le regard de Vénus » nous plonge « dans la pénombre, les yeux noirs d'une femme » d'un ébat érotique. « Nombre d'archéologues et d'historiens vous le diront : si vous souhaitez déterminer le statut et le niveau de considération dont pouvait bénéficier une femme dans l'Antiquité, il suffit d'observer les positions sexuelles qui ornent les vases et les fresques », opposant ainsi « la Grecque, par exemple, est toujours « passive », soumise à son partenaire, comme un objet entre ses mains. Tout le contraire de la Romaine, qui apparaît sur un pied d'égalité avec l'homme, partie prenante du jeu amoureux ». Il affirme alors que « Une telle « modernité » est l'une des innombrables surprises que nous offre cet univers lointain, en dépit d'une réalité très contrastée. » En fin d'ouvrage, le court Épilogue en est le pendant narratif d'une promenade nocturne « sous le sourire de Vénus ». Suivi de sa bibliographie, séparée en sources antique et sources contemporaines (dont les 3 ouvrages de Paul Veyne).
Le thème du Chapitre 1 « Donne-moi mille baisers ! » est de loin le plus long (40 pages), sous divisé en plusieurs sous thèmes comme :
- « le premier amour » où l'auteur s'appuyant sur des «auteurs antiques comme Catulle ou Martial » en reprend un élégant passage « Ma douce Vénus, quand on réclame seulement quelques baisers, c'est qu'on peut encore les compter . Moi, je veux perdre le compte en me perdant dans tes yeux »,  « la pudeur (pudicitia) » interdisant de s'embrasser en public ;
- « baisers à la romaine » où selon l'historienne italienne Eva Cantarella, les Romains connaissaient plusieurs types de baisers selon les circonstances : « l'osculum » (baiser lèvres fermées) en public, le « Savium » (baiser avec la langue », « emmiellé » comme le dit Vénus dans Les Métamorphoses d'Apulée au IIe siècle ; le « basium » (baiser érotique, devenu vers la fin de l'Empire un baiser affectueux quotidien à une épouse et aux enfants) ; le «jus osculi » (droit au baiser) obligation quotidienne pour les femmes aux membres de la famille, issu d'une loi ancestrale qui permettait de vérifier de non consommation de vin, consommation considérée comme une attitude permissive et donc punie létalement, puis interdite en public par l'empereur Tibère pour éviter la diffusion de l'herpès (labialis) ; la salutation en se serrant la main ou en faisant la bise est considérée comme une marque de respect, auquel son manquement ne doit pas déboucher sur de la colère selon le philosophe Sénèque ; le baisemain est un symbole d'allégeance importé d'Orient et propagé sous le Bas-Empire ; les suçons dans le cou dans les Amours d'Ovide au Ie siècle ; l'envoi de baisers à une divinité avec seulement le pouce et l'index de la main droite ;
- « Bas les pattes ! » où l'auteur indique qu'il est interdit de se toucher en public, le comportement fautif retombant sur toute la famille ; l'édictum de adtemptata pudicitia punissant tout attouchement, ton offensant et propositions indécentes d'amendes proportionnelles à la richesse de la victime ;
- L'auteur continue ainsi en détaillant le rôle de plusieurs éléments de séduction dans « Dites-le avec des fleurs », « Des bijoux mortels », « S'habiller chic », « Femme versus homme ».
Les 11 autres thèmes des Chapitres 2 à 12 sont de longueurs variées sur des sujets :
- de séduction progressifs : de « La première fois » (Chapitre 2) au « Mariage de Pudentilla » (Chapitre 3), en passant par le regard des autres dans les chapitres 4 (« Lui, elle, les autres »), 5 (« Misogynes et compagnie ») ;
- de lieux : « Dans les vapeurs des thermes » (Chapitre 6), « Quand la beauté se donne en spectacle » (Chapitre 7), « Le gladiateur et la matrone » (Chapitre 8) ;
- de rapports inégaux : « Le grand jeu d'amour » (Chapitre 9), « Les différents visages de la prostitution » (Chapitre 10), « Sexe et pouvoir » (Chapitre 11) et « Un dernier mot sur l'homosexualité » (Chapitre 12). Pour les romains antiques nous rappelons que seule la passivité dans les ébats était considérée comme infamante.
Au final, Alberto Angela a réalisé, comme à son habitude, un agréable guide anthropologique.

Lien : https://marcaurele.over-blog..
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