Sur l'épineuse Cruauté il faut verser les paroles concrètes du poème.
C'est un peu rendre place à notre Chance et savoir de grâce la partager.
Ne pas sombrer, voir l'ultime, chasser nos « solitudes blanches ».
« et si nous fêtions les saisons » contre toutes nos oraisons ?
Ecraser l'angoisse, la peur, effacer la cécité du monde. « le volcan explose sa douleur ».
Entendre cela c'est comprendre d'un geste « les écorchés de l'aube ».
Chaque matin du monde « offre un orgasme aux couleurs de l'infini ».
Seule arme face à notre peine. Peine, prise dans les mailles du temps. « les rides se font bénitier pour un trop-plein de peines ». Poèmes baisers-brasiers, tempêtes , qui colèrent sans haine, et soufflent de son chant sur tous nos« charniers dissimulés ».
Oui, « le silence a goût de cendres ».
Alors la terre entre les mains, reconnaître la rondeur de son sein, et goûter à son orange et exprimer sa beauté.
« de l'aube à la nuit /Un arc en ciel tel un pont ».
Traverser en lumière et confirmer l'espérance.
Une paix comme une île, comme un sursaut, un berceau.
« Soudain une faible lueur/Une petite touffe d'herbe/Verte/Tendre/ Pure/se dresse au creux d'un pan de mur/ Elle peut enfin pleurer. »
Oui, Bergson avait raison « l'avenir n'est pas ce qui va arriver, c'est ce que nous allons faire. ».
Alors le temps est à la beauté, à ses rivages, au poids du grain de sable, à toute sa densité, et que bien trop nous avons négligé.
Quitter la vase, cette glèbe putride, sauvez notre canot des canons de l'indifférence et de la haine.
« le canot de rive en rive à la dérive
se déchire
chavire
crachant et recrachant /…/ son trop plein d'enfants ».
Sauvons un canot et nous sauverons tous les navires.
Rien n'est insignifiant, le poète le comprend.
Une touffe d'herbe et c'est en corps un pays.
Il faut conjurer « le temps du « non-aimer »,
« Ne pleurez pas la mort mais la bêtise qui a détrôné l'insolence ».
Eremiaï, relie les hommes d' Amitié avec pertinence et grande lucidité.
Astrid Shriqui Garain