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Critique de gcd


gcd
04 novembre 2012
J'aimerais ici parler de l'aspect littéraire du livre. Car les critiques négatives, qui semblent avoir été rédigées par des personnes choquées, ne parlent pas vraiment du livre.

Le projet littéraire d'Angot est de donner à voir au lecteur la mort d'une jeune fille dans le cas particulier de l'inceste. de ce point de vue, c'est indéniablement réussi. L'adolescente meurt noyée par le sexe paternel: soit elle se donne à son père, soit il l'humilie et elle se sent bête.

La lecture est dérangeante, éprouvante mais permet au lecteur d'expérimenter le dégoût de l'inceste. Evidemment, il faut être intéressé par ce que François Busnel nomme crime malheureusement "universel". Sinon, mieux vaut ne pas entreprendre la lecture. Si on ouvre le livre, on découvre une écriture, précise, concise et ciselée, magnifiquement balancée, avec des longues périodes qui alternent avec des phrases courtes et tranchantes. le roman peut se lire d'une traite. le travail mené par Angot sur le rythme, la prosodie est remarquable.

Mais ce qui, selon moi, a trop peu été dit sur ce livre, c'est qu'il dresse le portrait d'un monstre. Ce père n'est pas la métaphore de la mort, il l'incarne, il l'est. L'arme de cet individu qui viole sa fille sans relâche, c'est la rhétorique. Monsieur est linguiste. Il parle sans cesse. Sa fille l'admire, lit ses travaux entre deux fellations. Elle, elle ne parle jamais, ou sous la contrainte. Elle est écrasé par le corps et la condition sociale élevée de son immondice de père. Elle n'existe pas. Elle est annihilée par son pénis et sa prétendue science. Elle est coincée. Chaperon rouge, la fille est dévorée par le père. Est-il possible de survivre à la mort psychologique qu'inflige l'inceste? La dernière page propose une réponse ferme à cette question.

Bref, si cette Semaine n'est pas de tout repos, elle est une éclatante réussite littéraire, classique et moderne à la fois. Classique car il s'agit en fait d'une tragédie utilisant le principe ancestral de la triple unité et moderne car elle développe une réflexion sur la domination masculine, sociale et rhétorique. C'est aussi un réquisitoire contre la domination d'hommes issus de la classe dominante, ordures humaines impunies capables de tout pour assouvir leurs pires pulsions.
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