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Critique de Chestakova


Pour dire la blessure Christine Angot choisit de mettre en scène les gestes de l'inceste qu'elle a subi .
L'écriture est d'une précision chirurgicale pour décrire les parties du corps impliquées, comme des objets lointains qui lui restent étrangers. le lecteur comprend vite que derrière cet hyper réalisme, si l'autrice est bien présente physiquement, rien de sa personne, de son moi, de tout ce qui touche à sa singularité humaine, dans sa sensibilité et ses émotions, rien de ce qui est profondément et réellement « elle » ne l'est. Cette écriture qui dit le corps comme un automate désarticulé, un ensemble de pièces détachées d'elle même, réussit à traduire le désarroi et les interrogations qui la traversent. Avec des mots arides, recroquevillés sur chaque détail corporel, elle fait éclater le corps, son corps, elle le fait mourir. Pour dire cette omniprésence du corps, elle façonne un langage qui réussit à la désincarner totalement. Elle met ainsi en lumière, sa position de pantin désarticulé qui ne s'appartient plus, elle montre les ressorts pervers de l'emprise, elle évoque la manière dont l'acte incestueux la maintient dans une négation absolue d'elle même.
La lecture de ces pages est un chemin douloureux pour le lecteur, qui partage ainsi à travers l'écriture de Christine Angot la réalité profonde de son vécu.
La découverte de cette écriture magistrale fait de la lecture de ce livre, un moment exceptionnel.
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