Citations sur Les filles de joie, tome 1 : Le magnolia (110)
Elle avait fêté ses dix-sept ans peu de temps auparavant et elle affichait en public les manières caractéristiques des demoiselles de son âge : polie, effacée, baissant les yeux devant le regard des hommes et se tenant le plus souvent dans les environs immédiats de sa mère. Elle était le genre de tourterelle qu’on couvait avec soin et qu’on conduisait, vierge et naïve, jusqu’au mariage avantageux qui ferait la fierté de la famille.
Ah… La vie, tu sais… On ne choisit pas toujours.
On n’a pas besoin d’être très futée pour blanchir du linge ou laver le sol…
Un violon, aussi beau soit-il, n’avait d’importance que par le son qu’il produisait. Les violonistes le savaient bien, eux qui se laissaient rarement éblouir par la beauté d’un instrument, préférant en essayer plusieurs pour chercher la combinaison idéale : l’instrument, l’archet, et l’homme.
Ça fait dix-sept ans que je vis dans cette ville et je n’ai encore rien vu du reste du monde. Je veux sortir d’ici et voir ce qui se fait ailleurs. Sinon, comment pourrais-je savoir si je suis au bon endroit, si j’aime la vie que je mène ? Il faut que je puisse comparer, essayer autre chose, et après je choisirai et je m’installerai.
Ah, ces jeunesses, maugréa-t-elle. Ça veut tout découvrir de la vie, mais ça ne sait pas respecter les règles.
J’irai voir ce qu’il y a dans les livres. Tous ces paysages, ces animaux bizarres, tous ces peuples qu’on ne connaît pas… Les gens croient tout savoir, ils parlent avec assurance, comme s’ils avaient tout compris de la vie, ils ne sont jamais sortis de leur petite ville. Ils croisent une ou deux personnes un peu plus renommées qu’eux et ça y est, ils sont satisfaits, ils ont l’impression d’être importants.
On n’est pas faites en bois ! Si l’on nous demande d’être sans arrêt aimables, agréables, et de donner l’impression qu’on prend un plaisir fou au lit, il faut bien que de temps en temps ça nous arrive pour de vrai, non ?
La vie se charge déjà bien assez de nous frustrer, de nous contraindre, alors on ne devrait jamais se priver volontairement de quelque chose qui est si bon. Les filles peuvent bien dire ce qu’elles veulent : c’est mon corps, c’est moi qui décide de ce que je veux en faire.
C’était cette urgence, ce plaisir, cette énergie, cette vie qu’elle sentait couler en elle et à laquelle elle s’abandonnait totalement. Face à elle, Benoît haletait et le fait de le sentir si excité avait sur elle un effet extraordinaire. Elle s’agrippait à ses épaules pour mieux s’offrir, pour le sentir venir plus loin encore en elle, cherchant les sensations, la chaleur, le contact.