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Critique de Achillevi


Quel contraste, tant dans la forme que sur le fond, après la lecture de la correspondance entre Albert Camus et Maria Casares qui dévoilait un amour tendre et profond entre deux êtres d'exception, où l'érotisme affleurait régulièrement. On peut d'ailleurs regretter que cette correspondance ne comporte pas les lettres de Lou à Guillaume Apollinaire. Elles ont fait plus tard l'objet d'une édition à part et seules un peu plus de 40 nous sont parvenues. Sans capacité à voir de quelle manière Lou provoque ou répond aux mots souvent pressants, voire oppressants, régulièrement obscènes voire violents de son amant difficile de se faire une idée de la réalité de cette relation. Ces deux-là aimaient visiblement le sexe et se le sont dit crûment, mais difficile de mesurer la part réelle de la provocation et du fantasme entre-eux. En tous les cas, des évocations que ne renieraient nullement les producteurs de l'industrie pornographique florissante de notre époque. Comme quoi, les carcans de la société française au début du XXième siècle ne sont probablement pas aussi serrés qu'on peu l'imaginer.

La lecture de ces courriers donne néanmoins de nombreuses clés de compréhension des poèmes qu'Apollinaire a pu adresser à Lou qui furent publiés à part. Certaines références, certains mots, certaines images ne se comprennent qu'à la lecture de ce que ce dernier peut en dire à sa muse au long de ces pages et dont ont comprend qu'elles sont finalement rien de plus que la poursuite d'une relation épistolaire qui généralement se fait en prose et parfois passe par les vers. Je ne peux d'ailleurs pas dire que la prose d'Apollinaire m'ait subjugué, en tous les cas elle est bien moins coulante et agréable à lire que celle de Camus ou de Casares.

L'intérêt réel réside probablement davantage dans la perspective historique que donne cet ouvrage sur la première guerre mondiale, la vie à l'arrière, où Lou cultive un jardin fourni de mille et une fleurs (ses nombreux amants), comme sur le front, où Apollinaire évoque un rapport détaché à la mort, la dure réalité de la vie dans les tranchées, mais également des préoccupations plus prosaïques liées à son avancement ou à la conduite de ses affaires littéraires du temps de paix.

Enfin, une chose m'intrigue dans le caractère de l'énigmatique Lou. C'est elle qui confia à un éditeur cette correspondance sulfureuse qui vit d'ailleurs au cours de ses éditions successives certaines censures se lever pour être complètement expurgées aujourd'hui. Que cherchait-elle réellement à voir des lignes aussi intimes révélées au grand jour ? Provocation ? Egocentrisme ? Deconstruction ? Frime ?
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