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Citations sur Prochain épisode (50)

J'écris d'une écriture hautement automatique et pendant tout ce temps que je passe à m'épeler, j'évite la lucidité homicide. Je me jette de la poudre de mots plein les yeux. Et je dérive avec d'autant plus de complaisance qu'à cette manœuvre je gagne en minutes ce que proportionnellement je perds en désespoir.
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Pendant que nous devenions l'épicentre du monde, une sérénité accomplie succédait à la déchirure du plaisir. En cet instant, sur ces rochers oubliés par l'érosion et au milieu de notre éblouissement, plus rien ne faisait obstacle à mon euphorie : je dérivais dans la plénitude. J'avais reçu l'investiture de l'amour et de l'aube. Quelque chose de glorieux opérait en moi, pendant que le soleil épuisé descendait avec les eaux du Rhône et que K, frileuse ou mélancolique peut-être, se rapprochait tendrement de moi.
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Cuba coule en flammes au milieu du lac Léman pendant que je descends au fond des choses. Encaissé dans mes phrases, je glisse, fantôme, dans les eaux névrosées du fleuve et je découvre, dans ma dérive, le dessous des surfaces et l'image renversée des Alpes.
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La psychiatrie est la science du déséquilibre individuel encadré dans une société impeccable. Elle valorise le conformisme, celui qui s'intègre et non celui qui refuse; elle glorifie tous les comportements d'obéissance civile et d'acceptation. Ce n'est pas seulement la solitude que je combats ici, mais cet emprisonnement clinique qui conteste ma validité révolutionnaire.
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C'est pourquoi sans doute, chaque fois que je prends mon élan dans ce récit décomposé, je perds aussitôt la raison de le continuer et ne puis m'empêcher de continuer et ne puis m'empêcher de considérer la futilité de ma course écrite dans l'ombre des Masses et du Tornettaz, quand je songe que je suis emprisonné dans une cage irréfutable.
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Ce soir encore, je garde sur mes lèvres le goût humecté de tes baisers éperdus.
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Depuis l'âge de quinze ans, je n'ai pas cessé de vouloir un beau suicide : sous la glace enneigée du lac du Diable, dans l'eau boréale de l'estuaire du Saint-Laurent, dans une chambre de l'Hôtel Windsor avec une femme que j'ai aimée, dans l'auto broyée l'autre hiver, dans le flacon de Beta-Chlor 500 mg, dans le lit du Totem, dans les ravins de la Grande-Casse et de la Tour d'Aï, dans ma cellule CG19, dans mes mots appris à l'école, dans ma gorge émue, dans ma jugulaire insaisie et jaillissante de sang! Me suicider partout et sans relâche, c'est là ma mission. En moi, déprimé explosif, toute une nation s'aplatit historiquement et raconte son enfance perdue, par bouffées de mots bégayés et de délires scripturaires et, sous le choc noir de la lucidité, se met soudain à pleurer devant l'immensité du désastre et de l'envergure quasi sublime de son échec.
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On ne n'avait pas dit qu'en devenant patriote, je serais jeté ainsi dans la détresse et qu'à force de vouloir la liberté, je me retrouverais enfermé.
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Je t'écris infiniment et j'invente sans cesse le cantique que j'ai lu dans tes yeux; par mes mots, je pose mes lèvres sur la chair brûlante de mon pays et je t'aime désespérément comme au jour de notre première communion.
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J’ai besoin de toi; j’ai besoin de retrouver le fil de notre histoire et l’ellipse qui me ramènera à la chaleur de nos deux corps consumés.
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