Expérience de mort imminente est un livre intéressant à bien des égards. Il parle d'un sujet qui attire celles et ceux qui s'intéressent à une éventuelle vie après la mort, mais en choisissant un angle de vue psychanalytique qui laisse cette question de côté : les EMI sont considérées comme des phénomènes psychiques, qui, en tant que tels, « ne peu(ven)t rien nous dire du spirituel, du métaphysique ou du mystique ». Certes, je ne connais pas suffisamment les théories psychanalytiques pour commenter leur usage, mais c'est un point de départ qui me convient et m'était même nécessaire pour me rendre curieuse d'un livre sur ce sujet.
Plusieurs points de théorie sont rappelés au fil du texte, ce qui le rend lisible par des néophytes. Leur particularité est de ne pas choisir de courant de pensée, mais d'emprunter à des courants qu'on ne réunit pas habituellement, à commencer par Jung et
Lacan. Autre point original, le livre présente des concepts très connus, voire galvaudés, mais au lieu d'en rappeler les caractéristiques consensuelles, il développe les théories opposées qu'ils ont suscitées. Par exemple, la régression, concept de base introduit par
Freud, est généralement vue comme un mécanisme qui explique une souffrance. Mais cette conception originelle a été revue par Balint, Winicott ou encore Marty : il y a aussi une régression salvatrice, perspective qui éclaire les EMI. le coup de pied pour remonter qui ne devient possible que quand on a accepté d'aller toucher le fond, en quelque sorte...
Comme le suggère cette image, le livre ne prend jamais l'EMI au pied de la lettre, mais lui donne une symbolique. Cela ne signifie donc pas qu'il ne la prend pas au sérieux, bien au contraire : il s'agit d'une expérience existentielle, qui ramène à la question du sens de la vie. « Elle [l'EMI] interroge l'individu sur le sens de la vie qu'il a menée jusqu'alors : "est-ce que ça valait la peine ?" ». Elle nous empêche de devenir des « hommes qui refusent de voir leur part sombre, qui la répriment ou la projettent sur d'autres hommes qu'un jour, ils voudront combattre faute d'avoir su s'affronter eux-mêmes. »
Finalement, les idées que je retiens de ce livre vont à l'encontre de son titre : elles concernent toujours la vie, jamais la mort. Peut-être parce qu'il repose sur une expérience personnelle fondatrice originale de l'auteure : un rêve qui a pris une forme proche de ce que racontent les « expérienceurs » de mort imminente, à partir duquel elle a pu s'éloigner graduellement de l'anorexie. Un rêve qui avait revêtu toutes les caractéristiques de l'EMI, mais qui était directement tournée vers une renaissance. Résultat : une belle expérience littéraire à tenter !