La blessure du bonheur
veut dire stigmate, et non cicatrice.
Seule en témoigne
la parole du poète.
La fable écrite par lui
est demeure et non refuge.
(page 185)
La tristesse est comme une lumière dans le coeur allumée,
L'obscurité est comme une lueur qui sonde notre nuit.
Nous n'avons qu'à allumer la petite lumière du deuil
Pour, traversant la longue et vaste nuit, comme des ombres nous retrouver
chez nous.
La forêt est éclairée, la ville, la route et l'arbre.
Heureux celui qui n'a pas de patrie ; il la voit encore dans ses rêves.
(page103)
Hermétique le poème concentre,
Protège le cœur des sentiments adverses.
La coque, quand le noyau perce,
Montre au monde un intérieur condensé
Puis je courrai comme autrefois je courais,
A travers prés, champs et forêts;
Puis tu t'arreteras comme un jour tu t'es arrêté,
Le plus tendre salut de la terre.
Puis on comptera nos pas
A travers le lointain et la proximité;
Puis on racontera cette vie
Comme ayant été le rêve à jamais
Décharge mes souhaits de leur lourd chargement.
La vie est vaste et ne se presse pas.
Il y a beaucoup de pays sur cette terre
Et beaucoup de nuits sous le firmament.
Qui donc sait l'équation
De la vie, des souffrances ?
Peut-être qu'en des jours ultérieurs
Tout cela s'évanouira.
La théorie des couleurs de Goethe
Jaune est le jour.
Bleue est la nuit.
Verte l’étendue du monde.
Lumière et ténèbres se marient
dans l’obscurité comme dans la clarté.
La couleur fait apparaître l’univers,
les couleurs séparent les choses des choses
Quand la pluie et le soleil
las de la querelle des nuées
unissent encore la sécheresse
et l’humidité dans les noces des couleurs,
l’obscurité luit autant que la clarté –
Sur ciel une arche rayonne.
Traversée de la France
D'un champ l'autre, la terre écrit son poème,
Insère les arbres sur les côtés,
Nous laisse tisser nos sentiers
Dans le monde autour des terres labourées
Des fleurs lancent dans le vent des cris de joie,
L'herbe pousse, qui leur offre un lit douillet,
Le ciel bleuit et salue, tilleul à la main,
Le soleil file de douces chaînes.
Des hommes vont, qui ne sont pas perdus -
Terre,ciel, lumière et forêt -
Renaissants à chaque printemps
Jouent au jeu de la Toute-puissance.