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Citations sur Informer n'est pas un délit. Ensemble contre les nouvel.. (9)

Il existe bel et bien un nœud français. Un accommodement avec le non-dit, l'opaque, le flou. Celui-ci a des racines historiques assez précises. Elles ont été clairement évoquées lors d'un colloque de la CADA [Commission d'accès aux documents administratifs], pour son 25e anniversaire, par Antoine Prost, professeur à l'université Paris-I, et membre du bureau de la CADA : « L'avis [sur le transmission de documents] est généralement négatif quand les dossiers demandés mettent en cause des tiers encore vivants. Le cas n'est pas rare pour les dossiers relatifs à l'Occupation ou à la guerre d'Algérie : permettre d'identifier l'auteur d'une dénonciation qui a envoyé quelqu'un en camp de concentration, ou le chef d'un commando qui a commis plusieurs assassinats n'est pas envisageable si le demandeur est la victime ou l'un de ses descendants, sauf si l'on peut rendre anonymes toutes les identifications relatives aux tiers en sorte qu'ils ne puissent être identifiés, ce qui retire à la communication beaucoup de son intérêt. »
Voilà donc circonscrit le gène de l'opacité administrative française. La protection des fonctionnaires coupables de crimes de guerre pendant la guerre d'Algérie ou de complicités avec les nazis. Ou parfois, les deux … Comme dans le cas de Maurice Papon.

« De la liberté d'informer », Paul Moreira
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Au Royaume-Uni, la première loi sur l'accès aux documents administratifs a été votée en 2005. C'était une promesse de campagne de Tony Blair. Pour être tout à fait honnête, lorsque l'ancien Premier ministre du Labour a compris que cette loi pouvait se retourner contre lui, il l'a un peu regrettée … Dans son autobiographie, A Journey, il se couvre lui-même d'insultes : « Quel idiot je fais. Quel simplet, irresponsable et naïf. Aucun terme, même le plus cru, ne parviendra à décrire l'étendue de ma stupidité. Je m'étrangle devant une telle imbécillité. » Précision : Tony Blair ne parle pas ici de sa décision prise en 2003 de suivre George W. Bush en Irak, à la recherche des « armes de destruction massive » inexistantes. Une opération militaire qui va coûter la vie à plusieurs centaines de milliers d'Irakiens et accoucher de L’État islamique, dix ans plus tard. Non, il peste contre le FOIA, cette loi qu'il a fait voter et qui pourra permettre à n'importe quel citoyen britannique d'établir le degré de responsabilité exact du Premier ministre dans l'invasion irakienne.

« De la liberté d'informer », Paul Moreira
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Enfin, la plainte [de Vincent Bolloré] vise la dernière partie du reportage évoquant les liens entre Bolloré et le pouvoir camerounais. Le directeur du journal Le Messager, Pius Njawa, compare l'homme d'affaires à « un état dans l’État ». Il cite l'exemple de la fondation de l'épouse de Paul Biya « qui a bénéficié de gros soutiens de Bolloré » et évoque la figure discrète mais influente de Michel Roussin, alors vice-président du groupe Bolloré, ancien membre des services secrets, ex-directeur de cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris, ministre de la Coopération du gouvernement Balladur (mars-novembre 1994) et président de Medef International. « Bolloré, c'est une illustration parfaite de la Françafrique, résume le journaliste camerounais, c'est-à-dire cette manière pour les dirigeants français de passer par des réseaux et des personnages des fois assez bizarres pour faire main basse sur des secteurs importants de l'économie africaine. » […] Concernant le groupe Bolloré, il estime qu'il s'agit du « prolongement du colonialisme parce qu'il assure les gouvernements en place. Aussi longtemps que nous [aurons] des secteurs entiers de l'économie camerounaise dans les mains de grands groupes comme Bolloré, ce sera le statu quo politique. »

« Les filets dérivants », Benoît Collombat
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Dans leur livre Jeu d'influences, Luc Hermann et Jules Giraudat donnent un chiffre révélateur. Aux États-Unis, on compterait 4,6 communicants pour 1 journaliste. En France, nous n'avons pas de statistiques, mais les ratios doivent être comparables. En créant Cash Investigation aux côtés d’Élise Lucet et Jean-Pierre Canet pour France 2, nous avions justement pour ambition de casser ce mur des communicants.
Il faut savoir qu'interroger le chef d'une grande entreprise du CAC 40 sur certains dysfonctionnements de sa compagnie, c'est un peu comme grimper l'Everest en tongs. Et en marche arrière. Par principe, les multinationales ne parlent jamais. Pourquoi ? En off, j'ai souvent entendu cette explication : la prise de parole d'un dirigeant d'une multinationale cotée en Bourse peut être dévastatrice pour le cours de l'action. Il n'y aurait que des coups à prendre pour le PDG. Leur mot d'ordre ? Motus et bouche cousue. Sauf pour faire de la pub. Ou dans les voyages de presse. Ou encore pour communiquer des « études qualités » produites par eux-mêmes et publiées par des organismes en apparences très sérieux.
Cette stratégie de l'évitement, cela fait des années que je l'observe. Avec parfois un certain étonnement : les plus ouverts au débat ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Cash Investigation serait devenu la nouvelle terreur des communicants. Les attachés de presse détestent nos méthodes : à savoir questionner les chefs d’entreprise ou responsables politiques là où ils se trouvent, et ce, même après avoir essuyé plusieurs refus d'interview. A différents reprises, des spin doctors m'ont confié avoir montré à leurs nouvelles recrues des extraits de l'émission en leur disant « voilà ce qui ne doit jamais nous arriver ».

« Le mur des communicants », Laurent Richard
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Écrire sur des affaires impliquant des personnes - souvent influentes, donc puissantes – soupçonnées de corruption, blanchiment, abus de biens sociaux, fraude fiscale et autres détournements de fonds publics reste le meilleur moyen de s’attirer des ennuis. A croire qu’on les cherche, même. p.27
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L'esprit de la démocratie, précisément, consiste à garantir la possibilité de la questionner, de la déranger, de la provoquer même. p. 25
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[...] les journalistes comme "les chiens de garde de la démocratie ». Et en bon chien de garde, il aboie, il réveille les voisins la nuit. Rarement il se laisse caresser dans le sens du poil ou il ronronne. p.25

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Le but est de semer le trouble en suggérant que cette nouvelle affaire visant Sarkozy, toujours prompt à se victimiser, serait le fruit d'une basse manipulation politique, et de nous faire passer pour des agents à la solde du pouvoir.
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Pour cela, deux moyens sont utilisés : jeter le discrédit sur les reporters dans le collimateur, en les désignant nommément à la vindicte publique ; effrayer leurs sources, afin de dissuader ces dernières de parler. Le tout en utilisant les médias eux-mêmes.
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