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Citations sur Chanter bouche close : Edition bilingue français-roumain (4)

Ton être te vient de la terre pleinement.
Tu donnes à chacun, contre serment,
Un arpent de terrain et un tombeau.
Tu leur donnes le pain et l'eau,
Avant de reprendre ton dû
Pour nourrir ta malherbe aiguë, tes melons nus,
En les mêlant
À la boue pleine d'ans, à l'âme aux vifs ferments.

(extrait de "La plaine du Bărăgan", page 109)
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Air de flûte

Mon cœur est le chemin avec ses pluies,
C’est le chemin poudreux qu’un troupeau d’ovins suit,
Entre les arbres, c’est le chemin mort,
La vigne aux paisseaux qui se tord,
C’est le village et ses chiens, c’est la cour,
La cendre au sillon, le labour,
C’est le troupeau qui paît la terre,
C’est la volée de corbeaux dans les airs,
C’est le buffle levé de sa couche de boue,
Qui, la tête lourde, debout,
Contemple sans fin l’immense vide qui bâille.

En tout mon cœur bat et tressaille,
Dans le poupard que l’anémie travaille,
Aux membres étiolés,
Dans l’essaim de mouches qui grouillent
Et lui mordent la bouille.
Je n’ai pas d’étang net
Où abreuver mes bêtes.
Mes troupeaux aux paissons
Ruminent herbes-de-charbon et oraisons.
Cherchant la source aux neuves ondes,
J’absorbe un vieux brouet de boue immonde,
Mêlé de fange et charogne.

Mon cœur est encore dans la cigogne
Et sa flèche violette qui au ciel se perd,
Il bat avec la scie de fer
Des ronciers sur un désert de pierres tombales,
Dans les souris des champs élémentales,
Dans la guêpe et le taon.
Le chant est dissonant
Et le mot se soupire,
Le bras s’affaisse et tire,
L’aile amollie s’abat.

Le temps me bat, le jour me bat, l’heure en moi bat.
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Elle portait un rayon de soleil,
De la hanche à la taille, au fond d'une corbeille
Chargée de gerbes d'yeux jaunes aux cils laiteux
Et de bouquets d'oeillets nuiteux.
Les beaux messieurs du festin
Criblaient la mûre de son sein
D'oeillades appuyées,
- "Demandez, demandez mes fleurs-de-mariées !"

Tinca, ma fill' ! Tes chaussons de lampasse,
Tes boucles, tes colliers, c'est pas Nastasse
Qui te les a filés, ces dix anneaux de choix,
C'est pas lui qui te les a mis aux doigts !

Ta chair d'ébène, qui donc a su la pétrir,
Et qui a bu ton fallacieux soupir ?
A qui t'es-tu livrées, ma fill', pour qu'il connaisse
Ton être et ton corps d'emperesse ?

Qui a dénoué ta chevelure au parfum de tabac ?
Qui t'a ôté le corsage et les bas ?
Qui a voulu enfouir,
En plein délire,
Ta tête dans ses bras noueux, laineux,
Et t'a transie jusqu'aux os de son feu ?
Tu n'as pas voulu nous livrer
Le lieu où tu nuitais,
Putain sucrée,
Au milieu des muguets de mai !

Tu vois, Nastasse, le bagnard
N'a pénétré qu'une fois ta chair;
Mais alors tout entière,
Avec son long poignard.

(Tinca - p .73)
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Fais-lui place au soleil, Seigneur,
Et sa hutte en la terre vieille,
Fais-la si haute qu'une fleur
Et plus étroite qu'une oreille.

Place un oeil d'eau sur le perron,
Un canot plus fin qu'allumette,
Que ton ciel, l'infini sans fond
Tiennent dans cette simple miette.

Mets-y le papillon câlin,
Et la grenouille d'émeraude.
Et, dans un bois d'absinthes plein,
Fais que sa hutte reste chaude.

Donne-lui, Seigneur, des couleurs
Et le précieux papier de Chine,
Pour que, sous ses doigts barbouilleurs,
Ta gloire en taches se dessine.

Et quand tu auras fait tout ça,
Place près d'elle son papa.

(Berceuse pour Mitzura - p. 31)
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