À demi-mot

Les silences étaient encore difficiles, mais ils avaient aussi parfois du bon. Un sourire comblé étira mes lèvres. Oui. Les silences comme celui-ci avaient un goût de paradis.

"Tu as besoin d'aide."

Un petit sourire étira lentement mes lèvres, puis s'élargit - un vrai grand sourire authentique, et avant que je comprenne ce qui m'arrivait, j'éclatai d'un rire joyeux, et j'avais l'impression de rire vraiment pour la première fois depuis très longtemps.

Syd et Kyler étaient dans l’eau du côté droit, occupés à essayer de se noyer mutuellement, ou ce qui y ressemblait à mes yeux. Mon regard glissa sur la gauche et je lâchai un juron étouffé.

Tanner.

Oh, waouh.

La mâchoire m’en tomba. J’étais peut-être même en train de baver, mais honnêtement, qui aurait pu m’en blâmer ?

Tanner ressemblait à ces « mecs canons » que l’on trouve sur Tomblr, genre ceux qui posent avec des chats. Bon dieu, j’adore le Tumblr « Des hommes et des chatons ». Celui ou celle qui a eu cette idée géniale mérite une médaille.

En appui sur ses bras repliés derrière lui au bord de la piscine, les muscles des épaules bandés, les biceps saillants. Mon regard s’attarda sur son large torse musclé et ses tablettes de chocolat visibles sous l’eau. La tête rejetée en arrière, il offrait son visage au soleil. Un sourire flottait sur ses lèvres bien dessinées, une sorte de sourire intérieur comme s’il savait que je me cachais pour le mater telle une fille transie d’amour.

Je n’étais pas transie d’amour pour lui.

Mais je me cachais bel et bien.

"L'amour avait beau être un sentiment puissant... il n'était pas immuable"

- Tu as l'air différente. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que ça fait quarante-deux jours que je ne t'ai pas vue.
Je haussai les sourcils.
- Tu as compté les jours ?
- Bien sûr que j'ai compté les jours. [...] Tu m'as manqué, Andy. Tu as l'air en pleine forme. Tu es très belle.

Elle me manquait beaucoup.
Je me languissais de son sens de la repartie et de sa générosité. De son rire de gorge et de la couleur de ses yeux bruns qui me rappelait celle d'un vieux whisky. Des petits râles qu'elle poussait et de sa façon de prononcer mon nom.

- Merci d'avoir monté ma valise.
- Pas de quoi, rétorquai-je avec un clin d’œil.
- C'était une façon polie de te dire de te casser de ma piaule.
- J'avais compris.
Ses yeux s'écarquillèrent.
- Mais tu es toujours là.
- Exact.

- Tu sais ce qu'on dit : homme à grandes jambes...
Elle roula des yeux.
- N'importe quoi. Personne ne dit ça.
- Dans mon monde, si.