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Citations sur La défroque (20)

’ailleurs Henri n’obéissait pas à ce genre d’appel. Il fallait hurler pour qu’il consente à quitter son comptoir pour la terrasse. Les tables extérieures étaient pour sa femme mais en ce moment elle faisait ses courses dans le quartier. — Vous voulez quelque chose, monsieur ? demanda Luigi aussi contracté qu’un comédien d’une générale. En fait cela donnait :
« Vo volé quek sose, messé ? »
Mais l’inconnu parut comprendre et même son sourcil droit se hissa d’un cran au-dessus de son œil : — Combien je vous dois ?
Pour qu’il le prenne pour le garçon, il fallait qu’il n’ait
attaché aucune attention à Luigi. Pourquoi ce sourire tout à l’heure dans ce cas ? Luigi retourna au bar :
— Il veut payer.
— J’y vais.
Henri revint avec un billet de cent francs. Payer ses consommations avec un tel billet intrigua Luigi. On avait toujours de la monnaie pour le bistrot. Ce type-là ne paraissait pas le savoir. Il se comportait comme quelqu’un qui n’a pas l’habitude. Comme pour ses vêtements. Luigi
contempla le fond de son verre.
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Il ne voyait pas très bien son visage. Il ne pouvait quand même pas passer sur le trottoir avec son diable, et les voitures en stationnement le gênaient beaucoup. Rien que des utilitaires trop hautes pour qu’il poursuive son
examen sans interruption. Il devait profiter de petites lucarnes, entre les moteurs et les arrières, pour regarder l’homme. Et, parfois, les portes se trouvaient ouvertes pour le chargement. Enfin il eut terminé et il alla déposer son diable dans un coin d’une remise, passa dans le
bar pour vider son verre de rosé que le patron avait placé contre le mur, tout au bout du comptoir. Il n’avait même pas besoin de demander si c’était bien le sien. Jamais il ne s’était trompé. Il le but d’un coup et ressortit pour se diriger chez Henri. Son cœur battait plus vite.
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Chez le conseiller municipal elle avait affaire à des enfants mal élevés qui lui lançaient des mots grossiers et se moquaient d’elle. Mais tout glissait sur elle. Luigi était certain que l’homme en chemise blanche n’aimait
pas tellement les histoires cochonnes. Ou plutôt qu’il ne pouvait pas les aimer et sans qu’il puisse s’expliquer cette opinion toute personnelle. Il vida le contenu de son diable en toute hâte pour aller chercher les dernières cagettes. Le marchand de ficelle se levait, serrait la main de l’inconnu. Lui, restait assis à cette terrasse, et Luigi était choqué de le voir s’attarder là. — Quand tu auras fini tu iras boire ton verre, lui lança l’épicier qui sortait d’un bar proche de la criée. Sorgho s’en serait bien passé. Il aurait voulu pénétrer chez Henri, là où se tenait l’inconnu, pour l’approcher.
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Il avait peut-être souri comme ça, machinalement, parce que le marchand de ficelle lui racontait une histoire drôle. Dans la criée tout le monde racontait des histoires drôles et si osées que jamais il n’aurait pu les rapporter à sa sœur. Pourtant il aurait aimé la faire rire lorsqu’elle lui demandait ce qu’il avait fait dans la matinée. Mais comment lui répéter ces mots crus et lui parler de choses dont elle n’avait même pas idée. Grazia était une vieille fille qui s’offusquait rapidement, surtout si lui, son frère, se permettait de se montrer grivois. Sinon elle ne paraissait jamais comprendre ce que disaient les autres.
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Pourquoi cet étranger lui souriait-il ? Comme s’il le connaissait. Où avait-il vu ces yeux bruns qui exprimaient une douceur continue ? Mais pas une douceur particulière pour lui. Non, une douceur pour tout le monde.
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Avec sa sœur il parlait italien, mais parfois ils faisaient un effort pour dialoguer en français au moins une heure. Il
était rare qu’ils aillent jusqu’au bout des soixante minutes.
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L’homme reposa son verre et lui sourit. Ce fut une chose inquiétante pour lui. D’habitude on ne faisait pas attention à lui. On le bousculait même un peu gentiment, on se moquait de lui. On ne l’invitait jamais à boire un verre. On lui disait simplement : « Tu as ton verre servi chez un tel ou un tel… » Et lorsqu’il arrivait dans le café, il y avait son verre de pastis, de bière ou sa tasse de café au bout du comptoir. Les autres avaient bu ensemble à trois ou quatre en riant et en se faisant des blagues. Lui, il buvait seul et, en rentrant dans le bar, croisait celui qui l’avait invité et qui ne le remarquait même pas. Il ne parlait pas très bien le français et il fallait beaucoup de patience pour le comprendre. Ces gens-là étaient tous très pressés et n’avaient pas tellement de temps à lui consacrer.
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Avec l’été qui approchait, les touristes devenaient plus
nombreux et il aimait cette ambiance. — Bientôt fini, Luigi ? Il hocha la tête, leva la main avec ses deux doigts en V pour indiquer simplement le nombre de voyages restant à faire. — Fissa, Luigi, fissa, il faut que je file ! Il empila les cagettes de courgettes et quelques-unes de haricots verts, repartit vers l’Estafette. L’homme à la chemise blanche discutait toujours avec le commerçant. Ce dernier avait une curieuse boutique un peu plus loin. Il vendait des cordes, des ficelles, des tapis en raphia et en chanvre, des hamacs, des sacs en jute et toutes sortes d’objets fabriqués en matière végétale. Luigi allait parfois fouiller dans sa poubelle pour y récupérer des bouts de ficelle encore bons qu’il ramenait à la maison. Lorsqu’il passa près de l’homme, ce dernier portait son verre à sa bouche. Il regardait dans la direction de Luigi. L’Italien reconnaissait ces yeux-là.
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Évidemment, le visage de l’homme lui rappelait quelque chose. Il l’avait certainement vu ailleurs et dans d’autres circonstances. Certainement pas à Hyères où il habitait avec sa sœur depuis trois ans. Il revoyait toujours les mêmes têtes, soit à la criée, soit dans la vieille ville et, en principe, il ne s’égarait pas dans les autres quartiers. Lorsque les ventes prenaient fin, il enfourchait son vieux vélomoteur et il remontait vers la place du Marché. Il n’était que 10 heures et il se mettait à sa fenêtre pour
fumer des cigarettes tout en regardant les gens faire leurs
courses.
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Cette chemise lui tenait chaud et il en ouvrait le col, en remontait les manches. Mais elle devait le serrer aux coudes et tout ce tissu dans son pantalon formait un cataplasme étouffant. Luigi pensa que l’inconnu n’avait peut-être pas beaucoup d’argent et qu’il s’habillait avec n’importe quoi. Mais il n’était pas tellement à son aise dans ces vêtements-là, comme s’il avait l’habitude d’en porter d’autres et ce fut cette remarque qui le tracassa le plus.
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