Ne serait-ce pas délicieux, ne serait-ce pas merveilleux, un été de solitude ? Pendant des semaines, quel bonheur de se réveiller en sachant qu'on est à soi, rien qu'à soi et à personne d'autre?
Bien sûr, certains titres ( livres) ne méritent pas mieux que les bibliothèques du salon, mais d'autres traversent avec moi l'hiver comme l'été et perdent bientôt leurs brillants habits pour prendre l'allure de vieux amis en vêtements de tous les jours.
- Hier soir, après dîner, nous étions au jardin lorsque j'ai déclaré à brûle-pourpoint que j'entendais rester seule durant tout l'été afin de boire la vie jusqu'à la lie : «Je veux rester aussi oisive que possible, pour laisser mon âme se développer tout à loisir. Personne ne sera invité à me tenir compagnie, et si d'aventure un visiteur se présente, on lui répondra que je suis sortie, en voyage, ou bien souffrante. Je serai au jardin, dans la plaine, au cœur des forêts. J'observerai tout ce qui se passe dans mon jardin, et chercherai à comprendre mes erreurs. Les jours de pluie, je m'enfoncerai au plus profond des bois, là où les aiguilles de pin sont toujours sèches; quand le soleil brillera, je m'allongerai dans la bruyère et observerai le flamboiement des genêts contre les nuages. Mon bonheur sera constant puisque personne ne sera là pour le troubler. Dans la plaine, le silence règne sans partage, et les lieux de silence, je l'ai découvert, sont aussi des lieux de paix.
Que voulez-vous ? La nature est ennemie de l'ordre, et c'est elle qui doit avoir le dernier mot. Avec ses râteaux et ses sécateurs, le jardinier ne doit être que son humble serviteur.
Nous savons bien qu'il ne sert à rien de gagner le monde si c'est pour perdre son âme.
(p. 78 - Éd. Bartillat)
Imaginez un jardin parfait, un jardin du pays des jardins, l'Angleterre. [...] Les plates bandes sont tirées au cordeau, et le gazon si luisant qu'on a peur d'y poser le bout du pied. Eh bien, mes frères en solitude et moi ne pourrions jamais nous y sentir à l'aise car nous nous sentirions sans cesse épiés. Dans la jungle de mon jardin allemand, plein de sentiers et de taillis, je suis sûre que nul ne peut me voir.
La nature dispense des enseignements si clairs qu'on ne peut douter, lorsqu'on vit auprès d'elle pendant assez longtemps, de ce qu'est la juste voie.
(p. 142 - Éd. Bartillat)
Les médecins sont comme les mauvaises habitudes -- une fois qu'on s'en est débarrassé, on se sent infiniment mieux.
(p. 81 - Éd. Bartillat)
Quelle bénédiction d'aimer les livres ! Tout le monde doit aimer quelque chose, et je ne connais aucun objet digne d'être autant aimé qu'un livre [...].
(p. 41 - Éd. Bartillat)
Moins un homme connaît son affaire, plus il se montre obstiné. Malheureusement, dans le grand combat contre la bêtise humaine, il n'existe pas d'arme efficace.
( p. 26 - Éd. Bartillat)