Cette enquête réalisée par
Matthieu Aron et Caroline Michell-Aguirre trouve son origine dans le recours à outrance de l'Etat aux prestations des cabinets de conseil, pour des coûts forcément exorbitants.
Si le sujet est grave, et démontre une déresponsabilisation de l'État sur des questions régaliennes, j'ai trouvé que le ton sensationnaliste et dénonciateur des auteurs desservait leur propos, les menant parfois à des conclusions rapides et des raccourcis qui leur seront forcément reprochés par leurs détracteurs, dépouillant le débat de ses questions clefs.
Le bouquin a au moins le mérite de revenir sur ce principe comptable barbare de "fongibilité asymétrique", qui permet de redistribuer un budget dédié à un titre vers un autre titre, excepté celui des dépenses de personnel...Autrement dit, un ministère peut redistribuer une partie de son budget vers des prestations de conseil, mais ne peut pas embaucher des gens qui seraient à même de faire le même travail !
A partir de là, difficile de recruter et d'embaucher de jeunes talents face aux promesses mirobolantes que leur font non seulement les cabinets de conseil, mais aussi les GAFAM et les entreprises du CAC40.
On trouve d'ailleurs des similitudes dans cette délégation de responsabilité aux cabinets de conseil et dans les activités publiques volontairement laissées aux entreprises technologiques (pépites françaises ou non), dont l'agenda relève de tout sauf du service public (à ce sujet, l'ouvrage de
Gilles Jeannot et Simon Cottin-Marx La privatisation du numérique est édifiant).
Un sujet de société majeur donc, mais une grosse déception quant à cette enquête souvent fouillie et qui mélange parfois les thématiques.