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Citations sur L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs et autres t.. (178)

Horripilation

C’était comme si l’irrémédiable s’était accompli:
L’horreur était à son comble
En même temps que le désespoir
Et la navrance.
Et cela s’étendait
A toute la vie de mon âme dans l’avenir.
Dieu alors s’était fait introuvable.
Il y avait un point noir
Où avait conflué ma destinée.
Et elle demeurait là
Figée
Jusqu’à ce que les temps
Se soient résorbés dans l’absolu.
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Deuxième lettre de ménage

J’ai besoin, à côté de moi, d’une femme simple et équilibrée, et dont l’âme inquiète et trouble ne fournirait pas sans cesse un aliment à mon désespoir. Ces derniers temps, je ne te voyais plus sans un sentiment de peur et de malaise. Je sais très bien que c’est ton amour qui te fabrique tes inquiétudes sur mon compte, mais c’est ton âme malade et anormale comme la mienne qui exaspère ces inquiétudes et te ruine le sang. Je ne veux plus vivre auprès de toi dans la crainte. J’ajouterai à cela que j’ai besoin d’une femme qui soit uniquement à moi et que je puisse trouver chez moi à toute heure. Je suis désespéré de solitude. Je ne peux plus rentrer le soir, dans une chambre, seul, et sans aucune des facilités de la vie à portée de ma main. Il me faut un intérieur, et il me le faut tout de suite, et une femme qui s’occupe sans cesse de moi qui suis incapable de m’occuper de rien, qui s’occupe de moi pour les plus petites choses. Une artiste comme toi a sa vie, et ne peut pas faire cela. Tout ce que je te dis est d’un égoïsme féroce, mais c’est ainsi. Il ne m’est même pas nécessaire que cette femme soit très jolie, je ne veux pas non plus qu’elle soit d’une intelligence excessive, ni surtout qu’elle réfléchisse trop. Il me suffit qu’elle soit attachée à moi. Je pense que tu sauras apprécier la grande franchise avec laquelle je te parle et que tu me donneras la preuve d’intelligence suivante : c’est de bien pénétrer que tout ce que je te dis n’a rien à voir avec la puissante tendresse, l’indéracinable sentiment d’amour que j’ai et que j’aurai inaliénablement pour toi, mais ce sentiment n’a rien à voir lui-même avec le courant ordinaire de la vie. Et elle est à vivre, la vie. Il y a trop de choses qui m’unissent à toi pour que je te demande de rompre, je te demande seulement de changer nos rapports, de nous faire chacun une vie différente, mais qui ne nous désunira pas.
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Et l'amour ? Il faut nous laver
De cette crasse héréditaire
Où notre vermine stellaire
Continue à se prélasser

L'orgue, l'orgue qui moud le vent
Le ressac de la mer furieuse
Sont comme la mélodie creuse
De ce rêve déconcertant

D'Elle, de nous, ou de cette âme
Que nous assîmes au banquet
Dîtes-nous quel est le trompé
O inspirateur des infâmes

Celle qui couche dans mon lit
Et partage l'air de ma chambre
Peut jouer aux dés sur la table
Le ciel même de mon esprit
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LE CLAIR ABELARD

L'armature murmurante du ciel trace sur la vitre
de son esprit toujours les mêmes signes amoureux, les mêmes cordiales correspondances qui pourraient peut-être le sauver d'être homme s'il consentait à se sauver de l'amour.
(...)
Quelle douce chose que le coït ! Même humain, même en profitant du corps de la femme, quelle volupté séraphique et proche ! Le ciel à portée de la terre, moins beau que la terre. Un paradis encastré dans ses ongles.
Mais que l'appel des éclairages sidéraux, même monté au pus haut de la tour, ne vaut pas l'espace d'une cuisse de femme. N'est-ce pas Abélard le prêtre pour qui l'amour est si clair ?
Que le coït est clair, que le péché est clair. Si clair. Quels germent , comme ces fleurs sont douces au sexe pâmé, comme les têtes du plaisir sont voraces, à l'extrême bout de la jouissance le plaisir répand ses pavots. Ses pavots de sons, ses pavots de jour et de musique, à tire-d'aile, comme un arrachement magnétique d'oiseaux. Le plaisir fait une tranchante et mystique musique sur le tranchant d'un rêve effilé.
Oui, Héloïse, c'est en toi que je marche avec toute ma philosophie, en toi j'abandonne les ornements, et je te donne à la place les hommes dont l'esprit tremble et miroite en toi. - Que l'Esprit s'admire, puisque la Femme enfin admire Abélard. Laisse jaillir cette écume aux profondes parois. Les arbres. La végétation d'Attila. Il l'a. Il l'a possède. Elle l'étouffe. Et chaque page ouvre son archet et s'avance. Ce livre, où l'on retourne la page des cerveaux.
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Alors tous mes cheveux seront coulés dans la chaux, toutes mes veines mentales, alors on percevra mon bestiaire, et ma mystique sera devenue un chapeau.
(...)
alors tout ceci sera trouvé bien,
et je n'aurai plus besoin de parler.
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Il ne me faudrait qu'un seul mot parfois, un simple petit mot sans importance, pour être grand, pour parler sur le ton des prophètes, un mot témoin, un mot précis, un mot subtil, un mot bien macéré dans mes moelles, sorti de moi, qui se tiendrait à l'extrême bout de mon être,
et qui, pour tout le monde, ne serait rien.
Je suis témoin, je suis le seul témoin de moi - même.
Cette écorce de mots, ces imperceptibles transformations de ma pensée à voix basse, de cette petite partie de ma pensée que je prétends qui était déjà formulée, et qui avorte,
je suis seul juge d'en mesurer la portée.
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Oui, voici maintenant le seul usage auquel puisse servir désormais le langage, un moyen de folie, d’élimination de la pensée, de rupture, le dédale des déraisons, et non pas un DICTIONNAIRE où tels cuistres des environs de la Seine canalisent leurs rétrécissements spirituels.
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Un désarroi inconscient de la marche, des gestes, des mouvements. Une volonté perpétuellement tendue pour les gestes les plus simples,

le renoncement au geste simple,

une fatigue renversante et centrale, une espèce de fatigue aspirante. Les mouvements à recomposer, une espèce de fatigue de mort, [..].

Une fatigue de commencement du monde, la sensation de son corps à porter, un sentiment de fragilité incroyable, et qui devient une brisante douleur, [..].

Un vertige mouvant, une espèce d’éblouissement oblique qui accompagne tout effort
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Mais cet effritement qui atteint ma pensée …



Mais cet effritement qui atteint ma pensée dans ses bases, dans ses
communications les plus urgentes avec l’intelligence et avec l’instinc-
tivité de l’esprit, ne se passe pas dans le domaine d’un abstrait insen-
sible où seules les parties hautes de l’intelligence participeraient. Plus
que l’esprit qui demeure intact, hérissé de pointes, c’est le trajet ner-
veux de la pensée que cet effritement atteint et détourne. C’est dans
les membres et le sang que cette absence et ce stationnement se font
particulièrement sentir. (…)
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            Je sens sous ma pensée…



(…) Je sens sous ma pensée le terrain qui s’effrite, et j’en suis amené
à envisager les termes que j’emploie sans l’appui de leur sens intime,
de leur substratum personnel. Et même mieux que cela, le point par
où ce substratum semble se relier à ma vie me devient tout à coup
étrangement sensible, et virtuel. J’ai l’idée d’un espace imprévu et
fixé, là où en temps normal tout est mouvements, communication,
interférences, trajet.
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