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Critique de zohar


« Ecrire avec sa vie » comme disait, Nietzsche. Antonin Artaud l'a fait : sa vie est si étroitement mêlée à son oeuvre que l'on pourrait presque dire qu'il écrit son oeuvre avec sa vie !
Et dans la phrase qui suit : « …Là où d'autres proposent des oeuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit… », se trouve toute la puissance et l'essence de ses poèmes !

« L'Ombilic des limbes » (suivi de, le Pèse-Nerfs) atteste, parfaitement, Antonin Artaud en tant que le témoin de soi-même. C'est peut-être l'oeuvre d'un fou mais c'est avant tout un homme qui va au bout de ses retranchements : comme une âme alourdie de ses chaînes qui plonge jusque dans ses propres limbes !
Maurice Blanchot l'a souligné : " Ce qu'il dit, il le dit non par sa vie même (ce serait trop simple), mais par l'ébranlement de ce qui l'appelle hors de la vie ordinaire. "
Le poète se livre, en effet, à l'âpreté de sa douleur provoquée par l' « effroyable maladie de l'esprit » dont il souffre ; et au délire de sa propre pensée tourmentée et torturée…
Antonin a choisi le domaine de la douleur (une douleur interne érosive, sourde et aveugle qui se suffit à elle-même, et se montrant telle qu'elle est…) et de l'ombre pour en faire le rayonnement de sa matière poétique.
Inspirée des surréalistes, sa poésie mentale et psychotique, témoigne de sa difficulté à trouver le sens de son être, elle témoigne aussi de sa « déraison lucide » qui ne redoute pas le désordre et le chaos intérieur de son moi « inapplicable à la vie », tel est ce combat dont il mène contre !
Des thèmes métaphysiques tels que le désespoir, la Mort et le suicide (qu'il considère comme un moyen de se reconstituer et non comme une destruction !) jalonnent à la fin de ce recueil dont l'écriture fiévreuse inaugure encore plus les « raclures de son âme » et « les déchets de lui-même » .
L'exploration mentale de ses paysages intérieurs nous montre là, un texte écrit dans une langue toute en pulsions : ce recueil nous touche dans ce qui nous constitue le plus, à savoir la chair, le verbe et notre âme.
Son écriture est cathartique, et ses mots qui touchent à l'indicible sont non seulement chargés de sens mais sont aussi sensitifs !

L'auteur de « le théâtre et son double » a brisé des frontières et a su s'affranchir des choses établies par la société qui, malheureusement, fixe tout artiste novateur à la marginalité !
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