Sans les autres, Emily est incomplète. Si personne n'est là pour témoigner de son existence, elle se sent réduite à presque rien,
Les mensonges servent souvent de véhicules à la vérité.
J'aime l'hiver en Angleterre, depuis les petits matins frisquets du mois de novembre jusqu'aux soirs de février quand le grésil repeint tout en gris. L'hiver aiguise vos sens plus subtilement que l'été.
Encore cet assommant cliché. « Je n'imagine même pas ce que tu ressens. » Bien sûr que vous n'imaginez pas, bande d'imbéciles. Il faut être passé par là pour avoir la moindre idée de ce que ça fait
Quand j'ai eu vidé mon sac,Sammie m'a donné la version d'Emily et,en l'espace d'une soirée,mon univers a basculé.
J'ignore pourquoi Emily prenait un tel plaisir à me soumettre à ces tests de loyauté parce qu'à l'exception de l'incident qui se déroulerait des années plus tard,je ne lui avais jamais donné motif à douter de ma dévotion.
Manifestement,elle estime que Chloe est trop jeune pour certaines choses mais assez grande pour qu'elle s'amuse à la torturer.Une cruauté que je connais bien pour en avoir été victime autrefois.
[Elle] supposait qu'il traînait encore avec Lizard, Adrian et les autres minables qu'il fréquentait. Elle les imaginait s'envoyant des bières dans leur troquet habituel puis faisant un crochet par le bord de mer pour se fumer une pipe ou un joint ou autre chose, en fonction de ce que Lizard avait pu dégotter dans la semaine. A la rigueur, elle admettait qu' [il] ait envie de « s'éclater un peu », comme il disait, mais la chose qu'elle ne supportait pas, c'était qu'il préfère la compagnie de ses potes à la sienne.
A de rares exceptions près, [elle] a toujours su dissimuler ses sentiments. C'est un don, chez elle. Elle arrive à les contrôler, soit en s'en détachant, soit en les analysant, et elle est convaincue que cette faculté a rendu son existence plus heureuse, plus paisible. La plupart des gens qu'elle connaît en sont incapables. Comme ils se laissent porter par leurs émotions, leur vie n'est qu'une suite de hauts et de bas. Tantôt ils exultent de bonheur, tantôt ils s'abîment dans les affres du désespoir, perdant un temps précieux à se reprocher bêtement telle ou telle chose, à se sentir coupable d'avoir blessé autrui, d'avoir négligé un ami dans la peine...
(p. 328)
« Tu n'es qu'une allumeuse », balança[-t-elle] à sa soeur, un jour qu'un garçon particulièrement stupide venait de rompre avec elle. Non content de la larguer au bout de trois semaines, il avait poussé la muflerie jusqu'à lui demander si sa soeur n'aurait pas envie de sortir avec lui, par hasard. Outrée par cet affront, [elle] était sortie en courant de la piscine municipale où l'incident s'était déroulé et, sur le chemin de la maison, avait passé en revue tous les lieux, toutes les occasions où il avait pu croiser [sa soeur]. Et à force de ruminer, elle était parvenue à la conclusion suivante : sa soeur se servait de sa timidité comme d'une arme de séduction passive, pour lui faire de l'ombre à elle, l'aînée, la plus populaire des deux.
(p. 244)