Citations sur Solo (25)
Un artiste, c’est un malade, c’est la maladie qui lui donne son identité.
L’art est né de l’ennui, l’art est lié à l’ennui. Et forcément, quand on s’ennuie, on finit par inventer sa maladie pour ne pas subir la bonne santé obligatoire.
Il pensait aux peintres : il fallait sacrément s’ennuyer pour peindre trois pommes sur un compotier, un étang avec des moucherons dessus. Mais parce que ces peintres s’ennuyaient, ils voyaient la beauté du monde, parce que leur vie se passait au ralenti, et que leur vie, c’était l’ennui, à longueur de journée. Ils étaient tellement désespérés de n’avoir rien d’intéressant à faire qu’il fallait bien inventer un truc pour ne pas se tirer une balle.
Quand on est malade et immobilisé, on voit des signes partout, on renaît sans cesse.
Il comprenait que, dans sa vie, une vérité lui avait toujours échappé parce qu’il s’était toujours agité, et qu’en réalité c’est seulement quand on est immobilisé, qu’on soit malade, infirme ou juste inerte, qu’on a accès à une vérité qui échappe toujours à ceux qui s’agitent.
Après tout, c’est en s’ennuyant qu’on fait de grandes découvertes : Newton assis dans un jardin voit tomber une pomme et a l’intuition de la loi de la gravité universelle. Ce sont les oisifs, les malades et les inertes qui ont le pouvoir de découvrir les profondeurs de l’âme.
La nature humaine, parfois, recèle des gouffres insondables.
L’écolier à qui l’on demande de bien travailler, le jeune homme qui pense à son avenir, c’est toi, mais en même temps ce n’est pas toi. Cette photo, ce n’est pas une photo, mais le miroir de ton âme, de ce que tu es déjà, mais tu n’as pas le niveau.
Pour la première fois, un prophète annonçait que désormais, il n’y aurait plus de prophètes. L’irruption de Tatiana dans la vie de Denis vingt ans plus tard était liée, il ne savait ni comment ni pourquoi, à cette prémonition. Elle et lui s’étaient tenus par la main au bord du même précipice. Quand on regarde en bas, tout a un relief exceptionnel – on est tenté de s’élancer pour tout voir avec une clarté plus grande encore. Cette énergie était à la fois impossible à libérer et à retenir – elle vous rongeait de l’intérieur.
Selon une vision conventionnelle, l’homme marié trompant sa femme vit dans la hantise d’être découvert. La vérité est tout autre : l’homme qui trompe, qui dissimule, est un condamné à perpétuité. Il a renoncé à exister à part entière. L’adultère est sa fatalité. Il n’est jamais sûr d’être vraiment là où il est ; s’il est ici, il se dit qu’il pourrait aussi bien être ailleurs ; s’il est ailleurs, c’est le contraire ; s’il est quelqu’un, il pourrait aussi bien être un autre. Il ne choisit rien, et surtout pas lui-même.